"Plus on en parle, moins on se sent invisible" : le syndrome des ovaires polykystiques, une pathologie hormonale ignorée qui bouleverse des vies
2024-12-25
Auteur: Pierre
"L'endocrinologue m'a simplement dit : 'Vous avez le syndrome des ovaires polykystiques. Vous aurez juste du mal à avoir des enfants.'" À 33 ans, Corinne découvre qu'elle souffre du SOPK, une affection hormonale qui représente la première cause d'infertilité féminine. Les symptômes de ce syndrome sont multiples et variés, allant de la prise de poids à l'irregularité des cycles menstruels, en passant par la fatigue chronique et l'acné. Après un parcours médical de deux décennies, marqué par de nombreuses consultations et des erreurs de diagnostic, elle partage son expérience, des défis auxquels elle a dû faire face et son combat pour la sensibilisation.
C'est au cours d'un déjeuner qu'une amie de sa mère, gynécologue, suggère à Corinne que ses symptômes ressemblent à ceux d'un SOPK. Étrangement, elle avoue n'en avoir jamais entendu parler. Le diagnostic tombe rapidement au CHU de Montpellier, mais une fois de plus, on lui dit qu'il n'y a rien à faire. Sa résistance à l'insuline, découverte deux ans plus tard, n'est pas abordée.
Alizée, une danseuse professionnelle de 21 ans, raconte avoir reçu son diagnostic de SOPK à 19 ans, après avoir lutté pendant trois ans contre des symptômes souvent attribués à l'endométriose. Les menstruations irrégulières et douloureuses l'ont poussée à chercher des solutions, mais les réponses étaient souvent décevantes, comme lors de sa rencontre avec une endocrinologue qui a dédaigné ses préoccupations.
Un syndrome qui va bien au-delà de l'infertilité
Corinne, qui a commencé à prendre du poids sans raison apparente dès l'adolescence, souffre non seulement de règles irrégulières et d'insomnie, mais aussi d'un épuisement qui impacte profondément sa vie professionnelle. Grâce à une équipe de professionnels de la santé, elle a réussi à stabiliser son poids et à mieux gérer sa santé mentale, bien que les complications du SOPK, notamment l'obésité et le diabète, continuent de la hanter.
"Quand on parle de SOPK, on ne parle que d'infertilité, alors que c'est beaucoup plus que cela. Il s'agit d'un véritable tabou, et une femme sur sept en souffre," souligne-t-elle.
Alizée, palliant l'acné et les règles aléatoires, avait également décidé de consulter une généraliste. Après plusieurs démarches, il a fallu qu'une gynécologue du CHU de Montpellier établisse le diagnostic. Elle se rend compte aujourd'hui à quel point cette condition affecte son quotidien et son moral.
« Ça a complètement bouleversé ma vie professionnelle et personnelle »
Les défis du SOPK ne se limitent pas à la santé physiquement visible. Dans une société qui met souvent l'accent sur l'apparence, les femmes comme Alizée et Corinne se retrouvent à jongler avec une maladie souvent invisibilisée. Corinne explique que sa vie a radicalement changé depuis qu'elle a arrêté la pilule après plusieurs années : "L'arrêt des médicaments a provoqué une aggravation de mes symptômes, me laissant avec des douleurs crampes et des saignements incessants, impactant ainsi ma vie quotidienne.
Fortes de leurs expériences, les deux femmes se battent pour que leurs voix soient entendues et que d'autres ne souffrent pas comme elles. Corinne, à 40 ans, trouve un sens à sa vie en partageant son histoire grâce à l'association Asso’SOPK. Elle déclare : "Avant, j'avais honte de parler de ma pathologie. Mais plus on en parle, moins on se sent invisible."
Cette prise de parole est cruciale, car il est primordial d'éradiquer les idées reçues liées à la maladie et d’encourager la recherche et l’éducation sur le SOPK. Plus que jamais, il est temps de mettre en lumière cette pathologie pour que toutes les femmes concernées puissent se sentir soutenues et comprises.