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Pierre M., disciple de Dominique Pelicot : « J’ai été un violeur » – Libération

2024-09-18

Auteur: Julie

Sur Internet, il se fait appeler Rasmus, Pierre ou Kim, et depuis 2013, il parcourt des sites pornographiques à la recherche de scènes de viols, se remémorant les horreurs vécues par sa mère, victime de viols sous l’emprise de l’alcool. Au tribunal, il se présente sous le nom de Jean-Pierre M., 63 ans, accusé d'avoir violé son épouse Sonia, inconsciente à la suite des conseils de Dominique Pelicot, un homme ayant été présent lors de nombreux actes. Dans une tenue neutre, mais avec un visage marqué par l'angoisse, il prend le micro avec hésitation, déclarant : « Je n’aurais pu violer aucune autre femme. » Au moins douze viols, pour la plupart filmés, ont été recensés par les enquêteurs. Sonia, la semaine dernière, a livré un témoignage déchirant sur ces années de souffrance, révélant comment elle a été sedatée chez elle dans la Drôme entre 2015 et 2018. « En voyant mon mari dans ce tribunal, j'ai ressenti un choc terrible. Son regard m'a dévoilé toute sa tristesse, mais je ne sais pas comment décrire ce que je ressens, » confie Jean-Pierre M. lors de son audience au tribunal criminel.

Tout commence après la mort de son père violent en 2013, un tournant dans la vie de Jean-Pierre M., qui se tourne alors vers des sites sordides. C’est sur un appareil, loin des yeux de ses enfants, qu'il a adopté ces pseudonymes. « Je ne suis pas allé sur ces sites avec l’idée de violer ma femme, » tente-t-il de justifier. Il évoque ses échanges avec Dominique Pelicot, qui l'aurait peu à peu introduit à l'idée de soumettre son épouse alors qu'elle était endormie. Malgré ses refus initiaux, Jean-Pierre M. finit par céder.

Dominique Pelicot, manipulateur avéré, a fourni à Jean-Pierre M. les médicaments nécessaires à la sédation de Sonia, lui enjoignant d'augmenter les doses jusqu'à obtenir une complète léthargie. Un incident marquant s'est produit en juin 2020, lors duquel Sonia a décrit sa terreur face à un inconnu qui apparaissait chez elle, désemparée par les révélations de son mari.

Jean-Pierre M. a ensuite comparé ses expériences à celles de son mentor, disant : « J’ai été un violeur. Une femme, ça se respecte. » Annabelle Montagne, experte psychologique, a remarqué que Jean-Pierre M. semble chercher une sorte de reflet de lui-même dans les souffrances des autres. Il dévoile une enfance marquée par des traumatismes familiaux : une mère alcoolique et soumise à la violence, son père étant un agresseur incestueux. Ses sept enfants apprennent seulement maintenant l'horreur des secrets familiaux.

En fin de compte, Jean-Pierre M. se dit responsable et appelle à une punition sévère pour ses actions : « Ce que j’ai fait est horrible, je veux une punition dure. » En effet, il risque une peine de vingt ans de réclusion. Sa reconnaissance de culpabilité fait écho aux atrocités de son mentor, Dominique Pelicot, qui a également été accusé d'encourager d'autres hommes à commettre des actes similaires. Ce procès met en lumière non seulement les atrocités commises, mais aussi les conséquences psychologiques dévastatrices sur ceux qui en sont victimes.