La France fait face à une pénurie d'œufs qui concerne tous les types d'élevage, affirme Thomas Bartlett, secrétaire général du Snipo, le syndicat national des industriels et producteurs d'œufs, lors d'une interview. Selon lui, cette situation est provoquée par une "consommation record" d'œufs dans toutes les régions du pays. Les Français consomment en moyenne près de 224 œufs par an, soit 24 de plus qu'il y a vingt ans, ce qui souligne un intérêt croissant pour ce produit.

Ce succès de l'œuf s'explique par sa réputation d'être un aliment économique en période d'inflation. "Quand les prix montent, les consommateurs se tournent vers la protéine animale la moins chère, entraînant une hausse de la demande que la production n'arrive pas à suivre", explique Bartlett. En effet, l'année dernière, la distribution a enregistré une augmentation de 300 millions d'œufs, correspondant à l'ajout d'un million de poules pondeuses.

Pour répondre à cette demande croissante, le syndicat prévoit d'ouvrir 300 nouveaux poulaillers dans les prochaines années. En outre, il pointe un enjeu environnemental, soulignant la nécessité de transformer les élevages en cage vers des pratiques en plein air, qui sont de plus en plus plébiscitées par les consommateurs. Cependant, cette transition rend difficile une augmentation rapide de la production.

Malgré ces défis, Thomas Bartlett a rassuré : la filière française n'a pas été affectée par l'épidémie de grippe aviaire qui a ravagé l'industrie avicole américaine ces dernières années. En ce qui concerne les prix, il souligne que malgré les pressions, "il n'y aura pas de hausse de prix", même si les tensions sur le marché pourraient persister pendant plusieurs mois. La demande pour l'œuf pourrait donc rester élevée, et les agriculteurs pourraient être contraints de faire face à ce dilemme de production tout en répondant aux attentes des consommateurs.