Nation

Pauvreté en France : "La féminisation de la pauvreté atteint des niveaux alarmants, selon le Secours catholique"

2024-11-14

Auteur: Marie

Lors d'un entretien diffusé le 14 novembre, Daniel Verger, responsable de l'accès au travail et aux prestations sociales au Secours catholique, a révélé que "le phénomène de la féminisation de la pauvreté continue de s'aggraver". L'association a récemment publié son rapport annuel sur la pauvreté en France, qui révèle des chiffres inquiétants pour 2023.

Plus d'un million de personnes en situation de précarité ont reçu de l'aide cette année, dont certaines se trouvent dans une situation d'"extrême pauvreté". En effet, un quart de ces bénéficiaires n'ont aucun revenu, une augmentation alarmante par rapport aux années précédentes. Daniel Verger explique que beaucoup de ces individus vivent dans des conditions de logement précaires ou sont carrément sans-abri, ayant perdu tout contact avec l'administration en raison de la complexité de ces démarches.

Il dénonce également la tendance des administrations à suspendre les aides "dès qu'il y a une interrogation" sur un dossier, ce qui peut laisser des familles entières sans ressources du jour au lendemain.

Qu'entend-on par "extrême pauvreté" ? Selon Daniel Verger, cela signifie ne pas avoir de quoi vivre, avec un revenu inférieur à 850 euros par mois. Le revenu médian des personnes qui se présentent au Secours catholique est même de 555 euros, soit 300 euros en dessous du seuil d'extrême pauvreté. Après avoir payé leur loyer, il reste souvent peu ou pas d'argent pour se nourrir et se déplacer, ce qui rend la survie très difficile. Cette année, le rapport montre une baisse supplémentaire du niveau de vie, de 19 euros.

Les aides les plus sollicitées par ces personnes sont alimentaires, nécessaires pour survivre avec des revenus si bas. En outre, beaucoup expriment un besoin crucial d'écoute et de soutien psychologique face à l'isolement croissant et au durcissement des conditions d'accès aux prestations sociales. Effectivement, plus de 57 % des personnes qui fréquentent le Secours catholique sont des femmes, un chiffre qui s'accroît chaque année.

La situation de précarité touche aussi bien des individus d'origine étrangère en situation irrégulière, qui n'ont souvent pas accès à des secours, que des Français. On estime que près de 8 % des personnes de nationalité française sont totalement sans ressources.

La numérisation des démarches administratives complique encore la situation. Beaucoup de bénéficiaires éprouvent des difficultés à naviguer sur des plateformes en ligne, et certains se retrouvent perdus face à la complexité des formulaires. Ainsi, environ 60 % des personnes aidées ont récemment subi des ruptures de vie : séparation, chômage, déménagement ou maladie, rendant difficile le remplissage de documents administratifs.

Ce phénomène de non-recours aux prestations sociales est choquant, et plusieurs de ces personnes, malgré leur droit d'accès, n'osent pas demander de l'aide. Les stigmates, la honte, et la peur de faire une erreur freinent fortement leurs démarches vers les aides disponibles.

Enfin, Verger souligne que le durcissement des critères d'éligibilité aux prestations sociales ne fait qu'aggraver la situation et accroître la stigmatisation des personnes dans le besoin, rendant crucial un changement de politique pour lutter efficacement contre la pauvreté.