« Parfois, on ne fait plus que ça » : comment les commerçants de Périgueux s'adaptent à l'afflux de colis avant les fêtes
2024-12-23
Auteur: Chloé
À l'approche des fêtes, les commerçants de Périgueux, en Dordogne, doivent jongler avec un afflux croissant de colis. « Bonjour, je viens chercher mon colis Vinted numéro 154817 », est devenu un refrain familier dans les magasins faisant office de points relais. Kenza Alaoui, employée au bureau de tabac Le Pont Neuf, souligne à quel point la situation a changé : « Je peux plus les voir, ces colis », rit-elle.
Chaque jour, plus d’une centaine de colis sont livrés, provenant de divers transporteurs tels que Mondial Relay, Relais Colis, DHL, GLS, et Vinted Go. Bien que le lundi soit théoriquement une journée de repos pour les réceptions de colis, les commerçants choisissent souvent de recevoir des paquets pour alléger le reste de la semaine.
Un éventail de marchandises inattendues arrive également, allant des pneus aux lits. Le système peut sembler lucratif avec des commissions s’élevant entre 20 centimes et 1 euro par colis, mais il ne génère des bénéfices qu'avec une gestion efficace d’un volume considérable de paquets. Dans ce contexte, certains commerçants, comme le magasin d’animaux Chatpristi, ont même commencé à rediriger les clients vers les transporteurs pour éviter la surcharge de travail.
Malgré tout, l’opération est perçue comme bénéfique, car elle attire de nouveaux clients. « C’est sûr qu’il y a pas mal de clients qui récupèrent un colis et achètent autre chose », admet Kenza. Cependant, cette réalité soulève des préoccupations sur le temps de travail consacré à la gestion des colis par rapport aux tâches habituelles.
Corinne Lescloupe, gestionnaire du bar-tabac L’Amphore, évoque une expérience de plusieurs années en matière de logistique de colis, indiquant que le mois de décembre exige une organisation particulière. « On est un commerce de proximité, c’est important de proposer ça. Je dois me diversifier, surtout que la vente de cigarettes est amenée à diminuer », précise-t-elle.
D’autres, comme les gérants du magasin d’articles funéraires L'Épine et la Rose, ont embrassé le défi avec enthousiasme, ayant récemment signé un contrat avec Vinted Go. « Il y a pas mal de passage, et si on est organisés, ça fonctionne », confie Aurélien, tout en notant que la rentabilité est modeste.
Cependant, l'accroissement des contraintes est une réalité à laquelle tous ne peuvent répondre. Marie et Philippe Favard, tenanciers de la mercerie Créa fil’s, ont mis fin à leur partenariat avec Relais Colis car la gestion de milliers de colis nuisait à leur cœur de métier. Ils soulignent la pression accrue exercée par une clientèle impatiente, souvent frustrée par des problèmes de livraison : « On gère le stress des clients. Quand il y a des colis perdus ou en retard, on prend tout", conclut Kenza Alaoui.
Cette situation soulève des questions sur l'avenir de ces petits commerces qui se doivent de s'adapter. À combien d’exigences un commerçant peut-il faire face avant que le service offert ne devienne un poids insupportable ?