Affaires

Paolo Gentiloni, commissaire aux affaires économiques : « Nous vivons la fin d’une illusion européenne »

2024-11-16

Auteur: Michel

La Commission européenne a récemment publié ses prévisions économiques pour les deux prochaines années, qui, bien que positives, prévoient une croissance modeste. Au cœur de ces réflexions, Paolo Gentiloni, le commissaire aux affaires économiques, a souligné les multiples défis à relever par l'Union, expliquant que l'heure d'agir est désormais imminente : « C'est maintenant ou jamais. »

L'état de la croissance européenne reste préoccupant. Bien que l'économie ait évité une récession sévère fin 2022, nous sommes entrés dans une période de stagnation en 2023, et même si la croissance semble reprendre, elle reste très lente. La consommation des ménages, qui pourrait relancer l'économie, est encore retissante, malgré une amélioration du pouvoir d'achat due à la baisse de l'inflation. De plus, le taux d'épargne demeure anormalement élevé en raison des incertitudes persistantes, notamment en lien avec les conflits internationaux.

Au milieu de cette instabilité, Mario Draghi a averti que l'Union européenne, si elle ne réagit pas vite, pourrait faire face à une « lente agonie » économique. En réponse, Gentiloni a affirmé que nous vivons la fin de l'illusion d'une Europe prospère, alimentée par des énergies bon marché grâce au gaz russe, un accès illimité aux marchés chinois, et une sécurité garantie par les États-Unis.

Gentiloni a clarifié que ce ne sont pas seulement des illusions allemandes, mais européennes, dont l'Allemagne a été le principal acteur, redistribuant le fardeau entre les États membres. Il a noté que l'Allemagne, avec sa grande industrie, est particulièrement touchée par la montée des prix de l'énergie et la menace du protectionnisme, tant américain que chinois.

Les crises actuelles, comme la guerre en Ukraine et les tumultes au Moyen-Orient, ainsi que l'élection de Donald Trump, accentuent ce sentiment d’urgence pour l’Europe. Gentiloni a insisté sur la nécessité d'une mobilisation immédiate face à ces dangers. Cependant, l'absence de majorité politique en France et les prochaines élections en Allemagne en février 2025 compliquent la capacité des deux pays à agir efficacement. Cela place encore plus de poids sur les épaules de la Commission européenne et de sa présidente, Ursula von der Leyen.

En somme, la situation critique actuelle n’exige pas seulement un diagnostic, mais une réponse concertée et rapide de la part des dirigeants européens. Le temps joue contre nous, et la solidarité est essentielle pour surmonter ces défis inédits.