Dans le documentaire controversé "De rockstar à tueur : le cas Cantat" diffusé sur Netflix, il est surprenant de constater l'absence totale du groupe Noir Désir. Denis Barthe, le batteur, a révélé qu’ils avaient été approchés pour participer au projet, mais qu'ils ont finalement décliné l'offre en raison d'un non-respect de leur vision. Il déclare : "Nous étions prêts à participer, mais pas de cette façon."

Ce documentaire remet en lumière un sujet délicat : le féminicide. La série analyse la tragique mort de Marie Trintignant, tuée par Bertrand Cantat, l'ancien chanteur de Noir Désir, et l'impact médiatique de cette affaire plus de deux décennies après les faits. Ce cas emblématique reste un sujet brûlant, suscitant des réactions vives, notamment celle de Lio, qui a dénoncé à quel point les médias ont minimisé le crime en le qualifiant d'accident passionnel.

Lio affirmait : "Le seul discours des médias est que c'est un crime passionnel et qu'elle le mérite un peu. Je suis indignées par ce traitement et j'ai ressenti le besoin de défendre Marie." Ces mots résonnent aujourd'hui, surtout dans un contexte où la violence faite aux femmes est discutée avec plus d'acuité.

Alors, pourquoi la formation musicale emblématique n'a-t-elle pas voulu livrer son témoignage dans ce documentaire ? Dans une interview donnée au Parisien, Barthe avait précisé : "Nous avons rencontré Capa, la société de production, et nous avons dit que nous étions prêts à participer, mais avec notre droit de regard. Cependant, en découvrant l'angle qu'ils souhaitaient adopter – un documentaire à charge – nous avons décidé de ne pas poursuivre."

Il est intéressant de noter que ce refus met en relief un phénomène connu sous le terme d’"omerta" entourant Cantat. Anne-Sophie Jahn, journaliste et coréalisatrice du documentaire, évoque un véritable culte autour de l'artiste à Bordeaux, où Cantat reste perçu comme une icône intouchable. Son entourage, qu'il s'agisse de proches ou de figures du milieu musical, semble s'accorder pour maintenir le silence sur le passé tumultueux du chanteur. Pascal Nègre, ancien directeur d'Universal Music France, y figure comme exemple : il continue de parler d'un "accident" et refuse de commenter la vie privée de Cantat, illustrant ainsi une résistance tenace à l'examen des événements qui ont conduit à cette tragédie.

Ce film, au-delà de retracer une histoire personnelle, soulève des enjeux sociétaux cruciaux concernant la violence et les inégalités persistantes dans notre société. La décision de Noir Désir de ne pas témoigner interroge sur les responsabilités des artistes et de leur entourage face à des récits aussi dramatiques. Alors que la voix des femmes résonne de plus en plus fort dans la lutte contre le féminicide, il est essentiel que tous prennent conscience de l'impact de leurs choix et de leur silence.