« Nous avions l'air déconnectés » : l'autocritique du Parti démocrate après la défaite de Kamala Harris face à Donald Trump
2024-11-16
Auteur: Chloé
La défaite électorale de Kamala Harris face à Donald Trump a provoqué un choc immense au sein du Parti démocrate, révélant un climat de colère, de chagrin et de remise en question profonde. En effet, le 6 novembre, après cette débâcle, des élus et stratèges du parti ont exprimé leurs frustrations. Harris n'a récolté que 72,4 millions de voix et 226 grands électeurs, alors que Trump a enregistré plus de 75,5 millions de voix et 312 grands électeurs.
Veronica Escobar, élue texane, partage son inquiétude au New York Times : « Je suis dévastée et inquiète. » Cet échec catalyse une introspection au sein du parti. Tom Suozzi, élu de New York, suggère de se demander « pourquoi les gens votent pour Donald Trump » plutôt que de s’indigner. Il révèle que Trump a habilement tiré parti des inquiétudes des électeurs sur des sujets brûlants comme l'inflation et l'immigration.
Les règlements de compte internes commencent à émerger. Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants, a évoqué une possible stratégie erronée de Biden, indiquant qu'un retrait plus tôt dans la course aurait permis à d'autres candidats d'émerger, renforçant ainsi la position de Harris.
Bernie Sanders, sénateur indépendant, a quant à lui affirmé : « Le peuple américain est en colère et veut du changement. » Il souligne l'écart de représentation des intérêts de la classe ouvrière, qui s'est éloignée du parti démocrate au fil des ans. Chris Murphy, sénateur du Connecticut, plaide pour une reconstruction à gauche, mettant en avant les effets des politiques néolibérales qui ont laissé des millions d'Américains à la dérive.
Les résultats des élections du 5 novembre révèlent une perte alarmante de voix parmi les classes populaires et moins diplômées. Les chiffres indiquent que les comtés à forte activité agricole, minière ou industrielle ont basculé vers les républicains. Environ 56% des électeurs sans diplôme universitaire ont voté pour Trump, une augmentation par rapport aux élections précédentes.
Les minorités ethniques, cruciales pour les démocrates, manifestent également des tendances défavorables : 43 % des électeurs hispaniques et 16 % des Afro-Américains ont voté pour Trump cette année, un changement significatif par rapport aux élections précédentes.
Le changement d'allégeance vers les républicains, qui était d'abord une prérogative des classes ouvrières blanches, touche désormais également les travailleurs hispaniques et noirs. Seth Masket, professeur de sciences politiques, souligne que l'électorat des démocrates s'est de plus en plus orienté vers des électeurs plus diplômés, donc déconnectés des préoccupations du vote populaire.
L'inflation et la situation économique actuelle deviennent des enjeux cruciaux, les électeurs reprochant aux démocrates de ne pas avoir suffisamment abordé ces questions. Daniel Schlozman, professeur à l'Université Johns Hopkins, affirme que l'administration Biden n'a pas observé la tension que l'inflation causait dans le pays, ce qui a joué en défaveur des démocrates lors des élections.
En outre, les électeurs assistaient à une inflation galopante, et un grand nombre d'entre eux ont désigné l'économie comme le problème numéro un. Mike Mikus, consultant démocrate, souligne le manque d'empathie du parti face aux difficultés économiques : « Dès que quelqu'un parlait des prix en hausse, nous parlions des aspects positifs de l'économie. »
Ce coup dur pour le Parti démocrate ne se limite pas simplement à une perte électorale, mais il représente un appel urgent à une réforme interne. Les leçons doivent être tirées dès maintenant, car le soutien des électeurs issus de la classe ouvrière est plus nécessaire que jamais. À l'approche des prochaines élections, l'avenir du Parti démocrate dépendra de sa capacité à rétablir des liens authentiques avec toutes les strates de la société américaine.