
« Notre mère nous attendait sur le quai de la gare d’Austerlitz. Nous nous sommes jetées dans ses bras, en larmes » : le récit émouvant de Marisol Colmenero, venue d’Espagne
2025-08-24
Auteur: Sophie
Dans la culture galicienne, on plaisante en disant que lorsque l'homme a posé le pied sur la Lune, c'était déjà grâce à un Galicien ! Cette blague révèle une réalité poignante : la Galice, ma terre natale, est un lieu souvent marqué par la pauvreté et l'éloignement. De nombreux Galiciens ont émigré, que ce soit vers Cuba ou les États-Unis. Pour ma part, j'ai choisi la France, et je n'ai jamais regretté cette décision.
C'était en 1967, j'avais alors 17 ans. Après trois années passées à Barcelone à m'occuper des enfants de ma tante décédée, je suis retournée dans mon village natal, Torbeo. Ce petit coin de montagne manquait d'eau courante, d'électricité et de transports. J'y apprenais la couture auprès d'une artisane du village, mais jour après jour, l'idée de passer mes journées à coudre me déprimait.
Un jour, ma sœur, âgée de 20 ans, m'a annoncé son projet de partir en France, où notre mère vivait depuis 1960. Alors que je n'avais que 10 ans lors du départ de notre mère vers Paris, nous ne pouvions la rejoindre qu'en août, pendant les vacances. Mon père, lui, était ancré à son village en tant que chef de chantier et n'avait jamais envisagé de partir. Cependant, la nostalgie pour notre mère et l'absence d'avenir à Torbeo nous poussaient à prendre cette décision. Mon père a approuvé notre choix, promettant de venir nous voir à Noël et de nous laisser retourner au village chaque été, comme le faisait ma mère.
Le 20 septembre, en fin d'après-midi, nous avons pris le train depuis San Clodio. L'excitation était palpable chez moi. À bord, la majorité des passagers étaient Portugais, plus nombreux que les Espagnols. Le voyage jusqu'à Paris a duré presque vingt-quatre heures, mais chaque minute nous rapprochait de notre mère.
À notre arrivée, une scène pleine d'émotion nous attendait : notre mère sur le quai de la gare d’Austerlitz, prête à nous accueillir. Nous avons fondu en larmes dans ses bras, unis par l'espoir d'un nouveau départ.
Cette épopée marquait le début de notre intégration dans un nouveau pays, une aventure parsemée de défis mais aussi d'espoir. La France nous réservait tant de promesses, et j'étais décidée à embrasser cette nouvelle vie.