Un bilan alarmant émerge des chiffres des exécutions en Arabie saoudite. Le 2 janvier 2024, le royaume a annoncé l'exécution de six Iraniens condamnés pour trafic de drogue, marquant le début d'une année tragique qui pourrait voir 338 exécutions, un chiffre sans précédent. Cette tragédie met en lumière la réalité troublante des droits de l'homme dans ce pays où la normalisation politique semble encore loin, malgré les énormes investissements pour améliorer son image à l'international.

Les données, fournies par des organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains, révèlent une augmentation inquiétante des exécutions par rapport aux 172 enregistrées en 2023 et aux 196 en 2022. Amnesty International note que ces taux d'exécution sont parmi les plus élevés observés depuis le début de leur suivi en 1990, faisant de 2024 une année particulièrement sombre en matière de justice dans le pays.

Les condamnations à mort concernent en majorité des personnes accusées de trafic de drogue. En 2024, sur les 338 exécutions, 117 ont été réalisées pour des crimes liés à la drogue, touchant en particulier des individus étrangers, avec 85 d'entre eux venant de pays tels que le Yémen, le Pakistan et l'Égypte. L'Arabie saoudite, second après la Chine en nombre d'exécutions, a intensifié sa campagne contre le trafic de drogue, une mesure justifiée par les autorités comme un moyen de protéger la sécurité nationale. Toutefois, les méthodes utilisées, telles que la torture pour des aveux forcés et les exécutions de mineurs, suscitent l'indignation.

La tendance croissante des exécutions soulève de sérieuses inquiétudes. Les prisonniers exécutés proviennent de divers pays, dont des nations en conflit ou liées à des réseaux de trafic de drogue. En tout, 129 étrangers ont été exécutés, un chiffre record qui met en lumière à quel point le Royaume implique des personnes d'horizons variés dans ses politiques dures contre la drogue.

La situation devient d'autant plus préoccupante compte tenu de l'opacité du système judiciaire saoudien. Plus de mille exécutions ont eu lieu depuis l'accession au trône du roi Salmane en 2015. En mars 2022, la nation avait choqué le monde avec l'exécution de 81 hommes en une seule journée, accusés de « crimes terroristes ». Bien que ces exécutions ne soient plus publiques, leur fréquence soulève des questions sur les réelles motivations derrière cette escalade.

Alors que des actions à l'échelle internationale et des appels à des réformes continuent de croître, la communauté mondiale se demande quelles seront les prochaines étapes pour l'Arabie saoudite dans ce contexte de tension croissante sur les droits de l'homme. En effet, face à cette vague d'exécutions, les pourparlers concernant des reformes dans le système judiciaire du pays sont devenus plus urgents que jamais.