Nation

"Ni soupe, ni salope": une manifestation historique pour dénoncer les insultes sexistes au tribunal de Carcassonne

2025-03-28

Auteur: Chloé

Une manifestation contre le sexisme

Une atmosphère électrique régnait ce vendredi 28 mars devant le palais de justice de Carcassonne, où des membres de la Confédération paysanne et plusieurs associations féministes se sont mobilisés, pancartes en main, pour dénoncer les propos sexistes tenus par un vigneron envers la députée écologiste Sandrine Rousseau. L'affaire a suscité une importante couverture médiatique et a mis en lumière le combat contre le sexisme dans le milieu agricole. À l'issue de l'audience, une amende de 3000 euros, dont deux tiers avec sursis, a été requise contre le vigneron.

Le soutien des viticulteurs

Environ 150 viticulteurs se sont rassemblés devant le palais pour soutenir leur camarade accusé d'insultes à caractère sexiste, lancées lors d'un déplacement à Ventenac-Cabardès le 13 juin 2023. Ce jour-là, Sandrine Rousseau et Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, s'étaient rendues dans le département pour soutenir les opposants à un projet de golf controversé. Lors de leur visite, elles avaient été accueillies par un groupe d'agriculteurs mécontents, dont l'un a notamment crié : "Va faire la soupe, salope".

Réactions des syndicats et des femmes

Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude, a été au cœur de la polémique, exprimant des opinions minimisant les insultes : "La justice perd son temps. Un peu d'humour ne fait de mal à personne. Nous avons vécu des moments bien plus difficiles que cela, et les tensions dans le milieu agricole poussent malheureusement certains à des excès", a-t-il déploré.

Les tensions se sont intensifiées avant l'audience, lorsque des viticulteurs, installés sur des tracteurs, ont lancé des pétards en direction des manifestantes de la Confédération paysanne et des associations féministes, qui étaient venues soutenir Sandrine Rousseau.

Leonor Bonnin, de la Confédération paysanne de l'Aude, a déclaré : "Je refuse que notre profession soit associée à de tels propos sexistes et misogynes. Je suis particulièrement choquée par la continuité de ces prises de parole lors des manifestations agricoles de janvier 2024". Mylène Bégon, du Collectif des droits des femmes 11, a ajouté : "Je suis ici pour défendre la cause des femmes et affirmer que de tels propos sont inacceptables".

Cadre légal et jugement attendu

En ce qui concerne le cadre légal, la procureure a précisé que seul l'outrage serait retenu dans cette affaire, et non l'injure publique. Elle a qualifié ces propos de violence verbale, soulignant qu'ils cherchent à nier toute légitimité aux femmes dans l'espace public, et a requis une amende de 3000 euros, dont 2000 avec sursis.

L'avocat du vigneron a reconnu que les propos tenus étaient choquants, mais a également plaidé que moralement condamnables, ils ne sont pas forcément punissables par la loi. Il a précisé que les insultes étaient dirigées vers Marine Tondelier, qui avait auparavant accusé les agriculteurs d'avoir "brûlé une grange". Selon lui, l’ont été pour le moment, la défense a maintenu que l'outrage n'était pas caractérisé.

Un symbole de lutte plus large

Le jugement sera rendu le 16 mai, mais cet épisode met en lumière une problématique plus vaste concernant le sexisme et la représentation des femmes dans le monde agricole. Cette affaire pourrait bien devenir un symbole d'un combat plus large pour les droits des femmes dans tous les secteurs de la société.