
Netflix, Google, Amazon : Quel impact aura la taxation européenne des géants de la tech ?
2025-04-04
Auteur: Sophie
Face aux taxes douanières imposées par Donald Trump, l'Europe se prépare à des mesures de rétorsion qui cibleront les géants de la technologie américains. Les marchés financiers, notamment le Nasdaq, sont en émoi ; la plongée des valeurs tech signale une inquiétude croissante chez les investisseurs concernant l'avenir de ces entreprises.
L'Europe, avec une réponse mesurée mais ferme, envisage une taxe de 20 % sur les produits américains. Bien que cela soit moins sévère que les taux appliqués par d'autres pays comme la Chine (34 %) ou le Vietnam (46 %), cela n'en reste pas moins une déclaration de guerre économique.
Les mesures de Bruxelles semblent désormais s'orienter principalement vers les "services numériques". Ces traitements spéciaux incluent des géants du numérique tels que Google, Microsoft, Meta et Amazon. Marianne Lumeau, maître de conférences spécialisée dans l'économie numérique à l'université de Rennes, souligne qu'une taxe supplémentaire pourrait être introduite : une augmentation de la fameuse "taxe Gafa" déjà en place en France depuis 2019, visant à réduire l'optimisation fiscale de ces grandes firmes, qui transfèrent leurs bénéfices vers des pays à faible imposition comme l'Irlande.
En détail, la taxe Gafa impose un taux de 3 % sur le chiffre d'affaires des grands acteurs du numérique, générant environ 800 millions d'euros chaque année pour l'économie française. Bien que cette approche ait été adoptée par plusieurs pays, il n'existe pas encore d'accord mondial qui unifie ces efforts.
Les plateformes de streaming comme Netflix et Amazon Prime Video, qui exigent une part de leurs revenus pour soutenir la création audiovisuelle locale, sont également sous surveillance. La taxation varie d'un pays à l'autre, ce qui complique la situation pour les entreprises du secteur.
Avec l'harmonisation des taxes à l'échelle européenne envisagée, les entreprises pourraient faire face à une augmentation de leurs coûts, ce qui se répercuterait inévitablement sur les consommateurs européens. En effet, les services de cloud, dominés par des géants comme Amazon et Microsoft, ainsi que des messageries comme WhatsApp, seraient également potentiellement concernés par ces nouvelles réglementations.
Cependant, une question cruciale se pose : les services numériques européens tels que Deezer ou Spotify pourront-ils rivaliser avec des géants américains sans un soutien financier significatif ? Peu de services de streaming européens se démarquent face à des acteurs comme Netflix et Disney+. Ce manque de concurrence pourrait donc mener à une hausse des tarifs, tant pour les entreprises que pour les utilisateurs finaux.
Pour l'Europe, l'enjeu est double : augmenter les recettes fiscales tout en tentant d'équilibrer la concurrence entre les sociétés américaines et européennes. Marianne Lumeau souligne que les entreprises françaises subissent une pression fiscale plus importante que leurs homologues américaines, ce qui pourrait inciter à reconsidérer les bases de la concurrence. De plus, l'Union européenne pourrait utiliser cette opportunité pour renforcer son propre secteur technologique et enfin s'attaquer à la question épineuse du cloud souverain, un dossier encore en suspens.