
«Monsieur le Président, n’oubliez pas notre père» : la lettre poignant des filles de Boualem Sansal
2025-04-15
Auteur: Louis
Monsieur le Président de la République,
Après cinq mois de silence de plus en plus oppressant, après des mois d'espoir frémissant, d'attentes haletantes et de croyances vacillantes en la lumière de la justice, nous, ses filles, mais également ses citoyennes engagées dans un monde libre, nous sentons le besoin urgent de vous interpeller.
Notre père, Boualem Sansal, atteint aujourd’hui 80 ans. Malade, écrivain passionné, il est enchaîné dans une prison non pas pour un délit, mais pour avoir osé exprimer ce que toute démocratie devrait valoriser : la puissance de ses mots, la richesse de ses pensées, et sa quête de liberté.
Depuis le 16 novembre dernier, il est enfermé dans une cellule austère, séparé de ses livres, éloigné de son bureau et des doux rires de ses petits-enfants qu'il n'a pas eu le bonheur de revoir. Cinq longs mois, Monsieur le Président. Cinq mois d’obscurité pour un homme qui, toute sa vie durant, a travaillé sans relâche à tisser des liens entre les peuples. Cinq mois de mutisme pour cet humaniste, inébranlable dans sa foi en l'universalisme, la dignité humaine, et la liberté d'expression.
Une voix étouffée, un appel à la liberté
Cet appel désespéré nous ramène à une réalité tragique : les mots peuvent être plus dangereux qu'on ne le pense. Notre père n'a jamais dévié de son engagement en faveur d'une société juste et équitable, ce qui lui a valu cette répression. Son emprisonnement constitue une menace pour la liberté d'expression et un affront à la culture qui nous unit.
À travers cette lettre, nous espérons éveiller les consciences et rappeler à tous que chacun mérite d'être entendu, que chaque voix compte et qu'aucun homme ne devrait souffrir pour ses idées. En tant que filles d'un homme honni pour ses idées progressistes, nous lançons un appel vibrant à votre responsabilité.
Alors, Monsieur le Président, n'oubliez pas notre père. Plutôt que l'oubli, choisissons la lumière. Plutôt que la répression, choisissons la justice.