Nation

Michel Barnier fait rire les pompiers avec sa "première sortie officielle" en pleine tempête politique

2024-09-28

ALEX MARTIN / AFP POLITIQUE - Un moment mémorable. Michel Barnier était à Mâcon, en Saône-et-Loire, le samedi 28 septembre, pour participer au 130e congrès des sapeurs-pompiers. Cela marquait son premier déplacement en dehors de Paris depuis sa nomination en tant que chef du gouvernement, et une occasion de prononcer son discours inaugural dans ce nouveau rôle. Il a également évoqué sa situation délicate à Matignon qui suscite de vives inquiétudes.

« Voilà donc à Mâcon pour cette toute première sortie officielle. Je suis là depuis 20 jours. Je ne sais pas combien de temps je vais rester ici... », a-t-il déclaré à la tribune, suscitant des rires dans l'assistance. Il a par ailleurs évoqué une situation « très unique depuis 60 ans », avec une Assemblée nationale fragmentée en trois blocs sans majorité claire.

Elément troublant, le gouvernement de Michel Barnier se trouve dans une posture fragile, formé sur une coalition instable allant de la Macronie à la droite dure de Bruno Retailleau, tout en faisant face à la menace croissante du Rassemblement national. À cela s'ajoute une situation budgétaire « extrêmement grave ». Un contexte pour le moins délicat pour imaginer un avenir radieux à Matignon.

Le sapeur-pompier des temps modernes

En dépit de ses contraintes politiques, Michel Barnier a exprimé se sentir « l’âme, la volonté et l’énergie d’un sapeur-pompier » face aux « incendies » et « embûches » qui sont sur sa route. Il a ajouté qu'il ressentait cette énergie en pensant aux nombreux défis : « Quand je vois aussi, pour tout vous dire, les risques, les incendies, les embûches, les tremblements de terre, les trous, sans parler des pandémies (...), je me sens l'âme, la volonté, et l'énergie d'un sapeur-pompier. »

Barnier a également réitéré sa déception face à la situation financière du pays, allusion implicite à l'ancien ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Il a signalé l'urgence de peaufiner sa feuille de route avec des délais de présentation de budget extrêmement serrés.

« Jamais un Premier ministre, jamais depuis 60 ans, n’a été contraint de présenter un budget en quinze jours », a-t-il déclaré, pointant du doigt le fait que la France, avec un déficit projeté à 6 % du PIB pour l'année, doit emprunter à des taux comparables à ceux du Portugal, de l’Espagne, et prochainement de la Grèce. Un véritable incendie à éteindre pour l'homme politique.

Cette sortie de Barnier à Mâcon témoigne non seulement de sa volonté de se rapprocher des acteurs de terrain mais aussi des tensions grandissantes qui pèsent sur son mandat. La question demeure : pourra-t-il surmonter ces défis et établir une gouvernance stable dans un climat aussi incertain ? La réponse à cette question semble aussi incertaine que l’avenir du gouvernement.