Les récentes déclarations de Daniel Cohn-Bendit suscitent une onde de choc au sein de la gauche. Alors que l'île de Mayotte grapple avec les conséquences d'un cyclone dévastateur survenu en décembre dernier, entraînant une recrudescence des débats sur l'immigration, l'ancienne figure emblématique de Mai 68 n'a pas mâché ses mots lors d'un échange sur LCI avec l'ancien ministre de l'Éducation nationale, Luc Ferry. Cohn-Bendit a jugé que la situation migratoire à Mayotte était « exceptionnelle » et a insisté sur le fait qu’il ne fallait pas confondre l'île avec la France métropolitaine, malgré son statut de département ultramarin depuis le XIXe siècle.

Il a récidivé en appelant à « freiner et rendre impossible cette immigration qui cause un grand bouleversement, un grand remplacement de la population ». Cohn-Bendit a exprimé son scepticisme quant à l’efficacité des politiques migratoires, soulignant une tribune récente de ministres appelant à une « fermeté migratoire » pour éviter que « Mayotte soit reconstruite sur du sable ». Les propos de Cohn-Bendit, qui semblaient jadis contraires à ses principes, semblent désormais lui faire écho dans un contexte de forte tension sociale.

Cette prise de position a immédiatement déclenché la colère au sein de la gauche, notamment parmi les membres du Nouveau Front populaire (NFP) qui dénoncent le discours d'un de leurs anciens camarades. La députée écologiste Sarah Legrain a interrogé la légitimité de sa prise de position en soulignant qu’il adoptait des concepts appartenant traditionnellement à l'extrême droite, comme celui du « grand remplacement », sur lequel s'est penché l'essayiste Renaud Camus. D'autres, comme la députée Sandrine Rousseau, ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux, accusant Cohn-Bendit de trahison et de dérive idéologique.

Au-delà de l’aspect politique, cette controverse soulève des questions cruciales autour des enjeux migratoires à Mayotte, une île confrontée à des défis sécuritaires et humanitaires. En effet, l’immigration à Mayotte est souvent perçue comme un facteur de tensions sociales, exacerbées par des difficultés économiques et un manque d’infrastructures adaptées à une population croissante. La question de l'avenir de l'île et des politiques migratoires à mettre en œuvre est au cœur des préoccupations des élus locaux et des citoyens, qui craignent pour la préservation de leur culture et de leur identité face à des vagues migratoires de plus en plus nombreuses.