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Marine nationale : vers un déclassement dangereux ?

2024-11-04

Auteur: Julie

Avec 70 bâtiments, la Marine nationale est classée au 10e rang mondial en termes de nombre de navires, selon une étude du Gican (Groupement des Industries de Construction et Activités Navales) dévoilée lors du salon Euronaval. Ce classement inquiétant la place à égalité avec l'Égypte, mais derrière des pays comme la Corée du Nord (86 unités), le Japon (109), et l'Inde (121), sans parler des leaders comme la Chine (455), la Russie (259) et les États-Unis (246).

La Marine nationale est aujourd'hui confrontée à des crises de plus en plus violentes, ajoutées à ses missions traditionnelles telles que la protection des territoires et des intérêts vitaux. Face à la menace croissante de drones, de missiles anti-navires et balistiques, en particulier dans la mer Rouge, la nécessité de choisir des missions prioritaires est plus pressante que jamais. L'amiral Nicolas Vaujour, chef d'état-major de la Marine, a déclaré qu'il est « extrêmement tiraillé » par le nombre limité de navires et qu'il doit « optimiser » leurs déploiements.

Cette situation n'est pas nouvelle et a été évoquée par ses prédécesseurs. Depuis la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, le nombre de frégates de premier rang a été limité à 15, contre 18 dans la LPM précédente, et 24 en 2008. Bien que la Marine doive s'adapter à un monde en mutation, les contraintes budgétaires ont figé le format de ses frégates dans une période où les défis géopolitiques se multiplient.

L'industrie chinoise, quant à elle, construit tous les quatre ans un nombre de navires équivalent à celui de la marine française, illustrant ainsi son avance. D'après le rapport du Congrès américain de janvier 2021, la marine de l'Armée populaire de libération a surpassé les États-Unis en nombre d'unités de combat, même si en tonnage, cette dernière reste la plus importante au monde.

En dépit de cette situation délicate, la Marine nationale conserve des atouts technologiques indéniables, grâce à l'écosystème industriel français. Elle excelle dans le développement de sous-marins nucléaires, de frégates modernes et de technologies clés telles que les capteurs quantiques et les armes hypersoniques. Ces capacités lui permettent de faire face à un large éventail de menaces, y compris la présence croissante de bâtiments russes en Atlantique.

Pour répondre à ces défis avec seulement 15 frégates de premier rang, la Marine nationale a mis en œuvre un programme d'optimisation du maintien en condition opérationnelle (MCO), visant à réduire les coûts tout en augmentant la disponibilité des navires. L'amiral Vaujour a souligné que grâce à ces efforts, il atteint un taux de disponibilité de 75 à 80 % pour ses frégates, un fait remarquable qui place la France en position favorable comparée à d'autres marines, comme celle du Royaume-Uni.

Alors que la Marine nationale se bat pour maintenir ses capacités, des experts mettent en garde contre le risque d'un déclassement inquiétant. La nécessité de renforcement et d'investissement précoce dans la flotte est plus urgente que jamais pour garantir la sécurité des intérêts maritimes de la France dans un contexte international de plus en plus hostile.