Divertissement

Marie Nimier : « Ma mère me montrait tous les signes de l’amour, sans l’amour, comme une plante qu’on arrose à côté de son pot »

2025-04-07

Auteur: Chloé

Vingt ans après la parution de son ouvrage La Reine du silence, qui avait reçu le prix Médicis en 2004, Marie Nimier propose un nouveau livre poignant intitulé Le Côté obscur de la reine. Dans cet ouvrage, elle met en lumière sa mère et explore les complexités de leur relation, tout en évoquant les souvenirs de son père, Roger Nimier, qu’elle a perdu alors qu'elle n'avait que 5 ans. Ce livre s’il est marqué par des documents variés, tels que des lettres enfantines, des photos et des affiches, va bien au-delà d’un simple recueil de souvenirs ; il s'agit d'une véritable œuvre d'art qui dévoile les profondeurs d’un amour complexe.

Lors d’une interview, Marie Nimier explique que Le Côté obscur de la reine est en quelque sorte un prolongement de La Reine du silence, en ce sens qu'il explore des aspects de sa mère qui n'avaient pas été révélés auparavant. Elle décrit sa mère comme ayant élevé seule trois enfants, souvent sous une forme de violence émotionnelle inavouée. Au fil des années, sa perception de cette relation a évolué, et elle a ressenti le besoin de décrire ces souvenirs et réflexions sous une nouvelle lumière, une lumière dans laquelle sa mère devient le personnage principal.

La structure du livre opère sur plusieurs temporalités. Bien qu'une grande partie du texte ait été écrite pendant que sa mère était encore en vie, Marie admet que certaines révélations n'auraient pas été publiables de son vivant, en raison de la nature des secrets qu'elles contiennent. Le livre a été achevé quelques années plus tard, alors que Marie était confrontée à ses propres fragilités de santé. Elle exprime son soulagement d'avoir terminé ce travail, le qualifiant d'acte nécessaire pour comprendre son héritage.

À travers son écriture, Marie met en question la façon dont le deuil est souvent perçu et discuté. Elle partage que l'idée selon laquelle la souffrance familiale perdurera tant que les relations ne sont pas résolues à la mort d'un proche n'est pas forcément vraie. Le Côté obscur de la reine ouvre de nouvelles possibilités de compréhension des relations complexes, suggérant que parfois il est plus sain d'accepter ce qui reste non résolu.

Marie Nimier avoue que l’amour que sa mère lui portait était à la fois tangible et intrusif. Elle décrit une dynamique où sa mère se voyait comme une victime tout en étant la source de cette douleur. Cette dualité de l'amour et de la souffrance est un fil conducteur dans les pages de son livre.

En réponse à la question de savoir qui est vraiment la « reine » à travers ce récit, Marie elle-même répond que c’est un mélange entre sa mère et elle-même, illustrant ainsi la complexité de leur lien. Elle conclut en partageant que, si sa mère avait du mal à voir sa fille grandir et prendre son indépendance, elle a tout de même été une figure marquante de sa vie, montrant des signes d’amour mais sans jamais vraiment les incarner. Cette exploration intime des relations parentales met en lumière des vérités souvent douloureuses mais nécessaires.

Le Côté obscur de la reine est plus qu’un acte de mémoire ; c’est une réflexion profonde sur les liens familiaux, l’amour, et les secrets du passé.