Lutter contre l'angoisse mathématique en chantant : Une méthode innovante à Pantin
2025-01-13
Auteur: Julie
Dans un cadre inattendu et convivial autour d'un piano, dix-sept collégiens du département de la Seine-Saint-Denis apprennent des concepts mathématiques en musique. L’atelier, organisé à la Maison académique des mathématiques récemment ouverte au collège Jean Lolive, fait partie d’une initiative pour améliorer les compétences en mathématiques des élèves de REP+ (Réseau d'éducation prioritaire, moyens renforcés).
Lors de cette séance, les élèves sont mis au défi de repérer les symétries dans des compositions musicales classiques, telles que celles de Mozart. La directrice du projet, Richard Bréhéret, souligne l'importance de réduire l'anxiété mathématique aussi bien chez les élèves que chez les enseignants, en particulier ceux du primaire qui manquent parfois de confiance.
Les résultats de l'enquête internationale TIMSS révèlent un déclin préoccupant des compétences en mathématiques des élèves français, les plaçant parmi les moins performants de l'Union européenne. De plus, l'étude met en lumière un décrochage inquiétant chez les filles et dans les milieux défavorisés.
Les collégiens, sous la conduite de la pianiste Alexandra Degraeve, écoutent des morceaux de Beethoven à Miles Davis, avant de discuter des symétries qu'ils entendent. La jeune Léa fait alors une analogie avec le pliage d'une feuille, démontrant ainsi une compréhension pratique et corporelle d'un concept pourtant abstrait.
Alexandra Degraeve souligne que la simplicité et l'interaction corporelle sont essentielles pour appréhender ces notions complexes. Un collégien résume l'expérience : "C'était comme un cours de maths... mais beaucoup plus vivant!"
L'initiative de la Maison des mathématiques, soutenue par un budget de 20 millions d'euros, se veut une réponse proactive aux défis rencontrés dans l'académie de Créteil. Ces efforts incluent des ateliers destinés à la fois aux enseignants et aux élèves, examinant le rôle des émotions dans l'apprentissage des mathématiques, ainsi que l'exploration des arts conceptuels en lien avec les mathématiques.
La Maison vise à rendre les mathématiques plus accessibles et moins intimidantes, montrant notamment leurs multiples applications dans la culture, l'art, et même dans la nature, comme l'enroulement d'un coquillage. Richard Bréhéret insiste sur l'importance d'ouvrir le champ des possibles pour encourager les filles à s'orienter vers les sciences, remettant en question les stéréotypes de genre souvent présents dès l'école primaire.
La neuroscientifique Stanislas Dehaene rappelle que les appréhensions liées aux mathématiques peuvent affecter différemment les enfants selon leur genre. Néanmoins, dans cet environnement inspirant de Pantin, une élève affirme avec assurance que la réussite en mathématiques ne dépend pas du sexe mais de la manière dont les concepts sont enseignés.
À peine quelques mois après l'inauguration de la Maison, les ateliers sont encore en phase de développement, mais ils visent un avenir prometteur avec des cycles de conférences et des ressources pédagogiques créées par les enseignants. Les efforts pour redynamiser l'enseignement des mathématiques sont bien lancés et pourraient influencer positivement les générations futures.