Louis Schittly, le cofondateur de Médecins sans frontières et prix Nobel de la paix, nous a quittés
2025-01-02
Auteur: Pierre
Louis Schittly est décédé le mercredi 1er novembre à Mulhouse à l'âge de 86 ans, laissant derrière lui un héritage colossal. Ce fils de paysan, humaniste passionné, médecin dévoué, globe-trotter inflexible et fervent défenseur de la langue alsacienne, a eu une vie d'une richesse inestimable. Une véritable légende vivante.
Après avoir consacré sa vie à aider les plus vulnérables, Louis Schittly aura finalement droit à une pause méritée. Co-fondateur de Médecins sans frontières (MSF) et lauréat du prix Nobel de la paix en 1999, son parcours est jalonné de rencontres et d'engagements exceptionnels.
Né en 1938 dans un milieu paysan à Bernwiller, sa jeunesse est marquée par les séquelles de la Première Guerre mondiale. Initialement aspirant missionnaire, un tournant décisif lors d'une retraite au Mont Sainte-Odile lui fait découvrir sa véritable vocation : médecin humanitaire.
Une vie de dévouement
Après des études réussies à Strasbourg et Lille, il s'engage en décembre 1968 avec la Croix-Rouge et part pour le Biafra, où les horreurs de la guerre le frappent de plein fouet. Cette expérience dévastatrice l'incite à envisager une spécialisation en pédiatrie. De retour en France en 1970, fort d’amitiés tissées sur le terrain, il cofonde le GIMCU qui deviendra plus tard MSF, avec Bernard Kouchner, un lien qui durera toute leur vie.
Louis Schittly se transforme alors en un 'French Doctor', voyageant autour du monde dans des zones de conflits et de crises humanitaires, du Vietnam à l'Afghanistan, en passant par la Côte d'Ivoire et les Soudan du Sud. En 1999, son engagement inébranlable lui vaut le prix Nobel de la paix.
Un artiste engagé
Sa détermination ne s'arrête pas à la médecine. Écrivain et cinéaste, Schittly publie plusieurs ouvrages et réalise en 1975 le documentaire "La Marraine (D'Goda)". En utilisant la langue alsacienne, il préserve les valeurs de son enfance et défend une vision du monde paysan profondément enracinée. Son message est clair : un retour à la terre est nécessaire face à la mondialisation menaçante.
À Bernwiller, il réendosse son rôle de médecin de campagne, devenu ‘docteur des lapins’, cultivant aussi bien les aliments que des relations humaines. Son engagement est palpable, oscillant entre positions anarchistes et réflexions spirituelles.
Un homme de foi
Initialement catholique pratiquant, il finit par explorer diverses spiritualités, se convertissant à l'orthodoxie en 1981 et prenant le nom de Grégoire. Dans son verger, il construit une église byzantine en hommage à saint Grégoire l'Athonite, témoignant de sa profonde quête spirituelle.
Son enterrement aura lieu ce samedi après-midi à Bernwiller, une dernière salutation à un homme qui a non seulement sauvé des vies, mais a également inspiré des générations à travers son engagement et sa passion sans égal. À travers son héritage, Louis Schittly continuera d'inspirer ceux qui cherchent à changer le monde.