Chimamanda Ngozi Adichie, l'écrivaine nigériane acclamée, fait son retour littéraire avec la publication de son nouveau roman "L'Inventaire des rêves" (éd. Gallimard), qui sort ce jeudi. Ce livre marque son premier roman en douze ans, après le succès retentissant d'"Americanah". Adichie a traversé des épreuves personnelles difficiles, y compris le syndrome de la page blanche et la perte tragique de sa mère, mais a trouvé du réconfort à travers l'écriture. "J'avais ce chagrin et pour une raison que j'ignore, mes personnages étaient de retour, mon écriture était là", confie-t-elle, décrivant l'écriture comme "un processus quasiment magique" qui lui permet de plonger profondément dans les vies de ses personnages.

Le nouveau roman se concentre sur quatre femmes dont les existences naviguent entre l'Afrique et les États-Unis. Adichie souligne l'importance de l'amitié féminine dans ses histoires, notant comment les femmes se soutiennent mutuellement : "Je suis très intéressée par la manière dont les femmes se comprennent et se protègent", explique-t-elle. Elle entend écrire avec honnêteté sur les défis rencontrés par les femmes dans un monde où "l'homme décide souvent". Néanmoins, elle précise : "Je suis féministe, mais je ne me considère pas comme une écrivaine féministe", préférant que son œuvre s'exprime au-delà des idées politiques pour toucher l'essence humaine.

Dans son roman, un personnage est inspiré par Nafissatou Diallo, qui a accusé Dominique Strauss-Kahn de viol. Adichie évoque l'affection profonde qu'elle ressent pour son histoire, déclarant : "C'était une façon de parler de l'injuste jugement subi par les victimes d'agression sexuelle et de l'exigence d'une perfection pour être crue." Elle dénonce également l'injustice sociale en affirmant : "Il faut que la victime soit irréprochable pour être entendue, ce que je trouve profondément injuste et immorale."

Adichie se prononce également sur l'évolution sociopolitique des États-Unis, lamentant le retour possible de Donald Trump au pouvoir. Elle exprime une profonde déception face à la direction prise par le pays, affirmant que "le patriotisme n'est pas du nationalisme, c'est l'amour". Elle critique la méfiance grandissante et l'ego dominant dans la politique américaine, qu'elle compare aux défis qu'elle a observés durant son enfance au Nigéria.

Sur la question de l'attention médiatique accordée à Trump, elle conseille d'en limiter la couverture : "Ce besoin de divertissement a contribué à la montée de Trump. Le nourrir ne fait que renforcer son influence." Pour elle, il est vital d'éviter de tomber dans le piège de la surenchère médiatique concernant ses excès.

Le retour d'Adichie sur la scène littéraire s'annonce captivant, avec un regard perçant sur la condition féminine et les dynamiques sociopolitiques contemporaines.