Dans un contexte international tendu, l'Union européenne a récemment décidé de prolonger de deux ans l'opération EUNAVFOR Atalanta, qui vise à lutter contre la piraterie maritime au large des côtes somaliennes, jusqu'au 28 février 2027. Cette décision fait suite à des préoccupations croissantes concernant une résurgence potentielle de la piraterie dans la région, exacerbé par des tensions politiques dans la Corne de l'Afrique.

Le MICA Center, le centre d'expertise français spécialisé en sûreté maritime, a exprimé des inquiétudes dans son rapport annuel, publié en janvier. Bien que le nombre d'incidents liés à la piraterie ait chuté depuis le pic observé à la fin des années 2000, des facteurs tels que l'instabilité politique, la pauvreté et la pêche illégale continuent de créer un terreau fertile pour la criminalité en mer.

Le rapport souligne également que le détournement d'un vraquier en décembre 2023, le M/V Ruen, reste une preuve inquiétante que le phénomène de la piraterie, bien qu’apparemment en recul depuis 2017, n’a pas disparu. En effet, selon le Bureau maritime international (BMI), huit incidents de piraterie ont été documentés entre janvier et septembre 2024, dont trois détournements de navires.

L'opération EUNAVFOR Atalanta, lancée en 2008 sous l'égide de l'UE, avait initialement été efficace dans la lutte contre la piraterie, réduit le nombre d'attaques à un niveau historiquement bas grâce à des mesures de sécurité et à la présence de navires militaires dans la région. Cependant, les ressources mobilisées par cette opération sont désormais limitées. Actuellement, seul le navire espagnol ESPS Santa Maria est déployé dans ces eaux. En 2022, le mandat d'Atalanta a été élargi pour inclure la protection de navires du Programme alimentaire mondial et la surveillance des activités illicites, incluant l'exportation illégale de charbon de bois.

Tout en affrontant une menace résiduelle, les forces d'Atalanta rapportent jusqu'à présent 20 attaques et 15 événements suspects. Parmi ces incidents, le détournement d'un bateau de pêche chinois a nécessité une rançon de 10 millions de dollars pour libérer 18 marins, attestant de la persistance de la menace maritime.

Le 16 décembre dernier, le Conseil de l'UE a également prolongé le mandat de la mission EUTM Somalia, qui vise à former l'armée somalienne, soulignant l'importance d’un effort coordonné pour promouvoir la stabilité dans la région. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'un examen stratégique plus large de l'engagement de l'UE en matière de sécurité. Le mandat a été ajusté pour inclure des opérations de sécurité maritime renforcées dans le golfe d'Aden et la mer Rouge.

Malgré les défis et les tensions, l'accent est mis sur le développement d'une architecture régionale de sécurité maritime. Alors que des synergies sont envisagées entre les opérations Atalanta et Aspides, il apparaît que la coopération internationale reste essentielle pour maintenir la sécurité dans cette zone d’intérêt stratégique.

Alors que la communauté internationale redouble d'efforts pour contrer la piraterie, les récentes décisions de prolongation illustrent une prise de conscience accrue des menaces persistantes qui pèsent sur le commerce maritime et la sécurité régionale.