Un nouveau visage pour la drogue

Dans un monde où la livraison est à portée de clic, le marché de la drogue a opéré une transformation radicale. Depuis la crise sanitaire, les consommateurs de substances illicites comme la cocaïne, le cannabis ou la MDMA n'ont plus besoin de se rendre dans des coins sombres de la rue. Tout se passe désormais depuis le confort de leur canapé, grâce à des boutiques virtuelles accessibles via des messageries sécurisées comme Signal ou Telegram.

La guerre des autorités

Lors d'une visite à Marseille en janvier 2024, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a sonné l'alarme face à ce phénomène préoccupant. La lutte contre ces livraisons de drogue à domicile est devenue complexe, nécessitant l'élaboration de "techniques d'enquête spécifiques".

Les forces de l'ordre doivent être plus créatives que jamais pour déjouer ces réseaux surnommés "Uber shit" ou "Uber coke". Ces trafiquants, opérant souvent à distance, utilisent des livraisons déguisées en services de restauration, se fondant ainsi dans la masse des livreurs de nourriture.

Des opérations décisives

Malgré ces difficultés, les enquêteurs français ont récemment porté un coup sévère à ce trafic. Le 11 mars dernier, la brigade de recherches de gendarmerie de Grasse a démantelé un réseau œuvrant dans l’ouest des Alpes-Maritimes et dans le Var. En trois mois d’enquête, ils ont découvert un système de livraison parfaitement organisé, générant jusqu’à 3000 euros par jour.

Les trafiquants utilisaient des voitures de location et se cachaient dans des appartements temporaires, illustrant l'efficacité redoutable de leur réseau.

Des arrestations marquantes

Quatre hommes et trois femmes, âgés de 20 à 30 ans, ont été appréhendés, et six d'entre eux ont été placés en détention provisoire. La police a également saisi plus de 6,5 kg de résine de cannabis, 14,5 grammes de cocaïne et 14 000 euros en liquide. Un autre trafiquant a été condamné à 32 mois de prison ferme après avoir été intercepté en scooter.

Une accessibilité déconcertante

Cette nouvelle forme de trafic a aussi un impact sociétal. Des groupes qui n’auraient jamais envisagé d'acheter de la drogue dans la rue, comme les jeunes adultes ou même certaines femmes, se retrouvent de plus en plus attirés par l'idée de se fournir sans stress ni danger.

Les trafiquants, habiles dans leur communication, savent séduire ces consommateurs potentiels en proposant des livraisons rapides et des offres alléchantes. Sur certaines plateformes, ils annoncent même des "cartes de fidélité" pour inciter à la consommation.

Conclusion: un défi de taille pour les autorités

Alors que la technologie évolue, les trafics de stupéfiants prennent de nouvelles envolées, rendant les opérations des forces de l'ordre de plus en plus complexes. La bataille contre ces "Uber de la drogue" n'est pas près de s'achever.