Dans la bataille fascinante entre l’intelligence artificielle (IA) et le calcul quantique, un outsider étonnant émerge des ombres : les ordinateurs classiques. De manière surprenante, ces machines, longtemps considérées comme obsolètes, montrent qu’elles sont en pleine forme et prêtes à disputer le titre.

Le cœur de cette compétition tourne autour du « problème à N corps », une question fondamentale en physique et en chimie qui traite des systèmes avec une multitude de particules interagissant entre elles. Imaginez par exemple modéliser le comportement d’une molécule complexe avec une centaine d'électrons, ou même comprendre un matériau avec 10²³ électrons ! Selon Antoine Georges, professeur au Collège de France, le défi est colossal. "L’approche directe est rapidement limitée. Pour n’importe quel système de particules ne possédant que deux états, même les ordinateurs les plus puissants de notre planète ne pourraient représenter que 80 de ces particules," explique-t-il.

Face à ces limitations, plusieurs solutions innovantes sont apparues au cours des dernières décennies. L’une d’elles, ayant fait sensation dès les années 1990, a offert une nouvelle voie. Antoine Tilloy, professeur à l’École des mines de Paris, se souvient : "C’était incroyable ! Cela a permis de résoudre presque toutes les configurations du problème à N corps en une dimension." En 1992, le physicien Steve White de l’Université de Californie à Irvine a mis au point les réseaux de tenseurs, une méthode révolutionnaire qui agit comme un compresseur de données, diminuant ainsi la quantité d'informations nécessaire à traiter. Grâce à cette technique, des simulations jadis impossibles à réaliser à cause de l’immensité des combinaisons possibles peuvent maintenant être gérées sur des ordinateurs classiques, et ce même sans faire appel aux superordinateurs.

Avec la montée en puissance de nouvelles techniques algorithmiques et une meilleure compréhension des systèmes quantiques, les ordinateurs classiques pourraient bien devenir les héros inattendus de cette épopée technologique. Au fur et à mesure que la recherche progresse, il est évident que la rivalité entre l'IA, le calcul quantique et les ordinateurs classiques n'est pas près de s'estomper. Qui aurait cru que ces anciennes machines pouvaient encore avoir un rôle crucial à jouer dans la résolution de mystères scientifiques complexes ? Restez à l'écoute, car le meilleur reste à venir !