Monde

L'extrême droite en passe d'un nouveau triomphe en Allemagne ?

2024-09-22

Trois semaines après avoir enregistré des succès historiques dans l'est de l'Allemagne, l'extrême droite se prépare à une nouvelle victoire électorale ce dimanche, cette fois dans un bastion traditionnellement social-démocrate. Une telle victoire pourrait affaiblir considérablement le chancelier Olaf Scholz à un an des prochaines législatives.

Près de 2,22 millions d'électeurs de plus de 16 ans sont appelés aux urnes dans le Brandebourg, un petit État régional qui entourant Berlin, où Tesla a récemment ouvert sa première usine en Europe en 2022.

Dans cette région ancienne de la RDA où le SPD d'Olaf Scholz est au pouvoir depuis la réunification en 1990, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), un parti anti-migrants, est actuellement en tête des intentions de vote, avec des estimations variant entre 27 et 29%, contre environ 25 à 26% pour le SPD, qui a réussi à regagner du terrain.

Le très populaire chef du gouvernement du Brandebourg, le social-démocrate Dietmar Woidke, a même menacé de démissionner si son parti ne parvenait pas à garder la tête des élections. Les résultats sont attendus vers 18h00 locales (16h00 GMT).

Malgré son implication avec une circonscription à Potsdam, le chancelier Scholz est resté en retrait de cette élection. Woidke, à 62 ans, tente également de se distancier du SPD, dont la popularité est en chute, tout comme celle des autres partis au pouvoir à Berlin : les Verts et les Libéraux.

Les analystes estiment que si le SPD perd, cela aurait des conséquences dévastatrices pour l’avenir du parti et pour Scholz lui-même. Le Brandebourg est considéré comme un bastion du centre-gauche, contrairement à la Thuringe et à la Saxe, où l'AfD a remporté des scores sans précédent lors des précédentes élections régionales.

De surcroît, la question du meilleur candidat social-démocrate pour les législatives de septembre 2025 pourrait s'accélérer, avec des rumeurs persistantes autour de Boris Pistorius, le ministre de la Défense, qui pourrait-être un successeur potentiel de Scholz.

L’AfD capitalise sur le mécontentement des habitants de l’ex-RDA, aggravé par les inégalités persistantes depuis la réunification, et la question de la sécurité et de l’immigration est de plus en plus au cœur des préoccupations des électeurs, particulièrement dans le Brandebourg.

Depuis fin août, une série d'attaques, dont un meurtre en série à Solingen, a choqué la nation, alimentant ainsi les craintes autour de l'immigration. Les préoccupations d'intégration sont au devant des discussions, alors qu'un récent sondage révèle que l'immigration est le principal sujet d'inquiétude des électeurs.

"Nous voulons aider les réfugiés, mais notre région ne peut pas accueillir tout le monde", déclare Edeltraud Wendland, une femme de 82 ans rencontrée à Potsdam.

Cependant, même si l’AfD remporte les élections, il est peu probable qu’elle parvienne à former un gouvernement. Tous les partis traditionnels refusent de s’allier avec elle, comme c'est le cas en Saxe et en Thuringe. Dans cette dernière, l'AfD a émergé comme la première force politique.

Un autre acteur pourrait changer la donne : le nouveau parti BSW, fondé par la charismatique Sahra Wagenknecht, qui a quitté la gauche radicale. Anti-immigration et opposé à l'envoi d'armes en Ukraine, ce parti pourrait recueillir entre 13 et 14% des voix, ajoutant une nouvelle dimension au paysage politique allemand.