Dans un scénario apocalyptique, les tardigrades seraient les derniers à survivre sur notre planète : ces petits animaux surnommés « ours d'eau » sont des champions de la résilience. Capables d'entrer dans un état extrême de suspension métabolique connu sous le nom de cryptobiose, ces créatures uniques peuvent se déshydrater jusqu'à 95%. Cette capacité leur permet de résister non seulement à des températures extrêmes, allant de -272°C à 150°C, mais également à des niveaux de radiation qui feraient pâlir d'envie n'importe quel super-héros.

Plus étonnant encore, ces êtres microscopiques sont présents sur Terre depuis des centaines de millions d’années, ayant traversé des époques tumultueuses et plusieurs événements d’extinction sans jamais disparaître. Récemment, des scientifiques ont effectué des études poussées sur des fossiles anciens datant de 72 à 83 millions d’années pour comprendre comment ces tardigrades ont pu survivre à l'une des plus grandes extinctions de l'histoire de la planète, la crise Permien-Trias, qui a eu lieu il y a 252 millions d'années et qui a conduit à l'extinction de plus de 90% des espèces sur Terre.

Marc Mapalo, chercheur à l'université Harvard et auteur principal de l'étude publiée dans la revue Communications Biology, souligne l'importance de comprendre quand des tardigrades capables de cryptobiose ont émergé. Cette connaissance permettrait de mieux comprendre leur évolution, leur adaptation, ainsi que les raisons qui leur confèrent cette résilience incroyable.

Les scientifiques ont utilisé une méthode innovante, la microscopie à fluorescence confocale, pour créer des images en haute résolution des fossiles. Cela a été possible grâce à deux fossiles découverts dans les années 1940 le long de la rivière Saskatchewan, enchâssés dans de l'ambre. Grâce à cette technique, ils ont pu mettre en lumière des détails inédits permettant de suivre l’évolution des tardigrades à travers le temps.

Il a été découvert que tous les tardigrades ne possèdent pas la capacité de rentrer en cryptobiose. En réalité, il existe deux grandes catégories de tardigrades, dont une seule a développé cette aptitude. Cette analyse a permis aux chercheurs d'estimer la divergence de ces deux groupes à environ 500 millions d'années, pendant la période du Cambrien, et l'émergence de la cryptobiose entre 430 et 175 millions d'années avant notre ère.

Ainsi, bien que cette incroyable capacité de survie soit un atout majeur, elle n’est peut-être pas la seule raison qui explique le succès des tardigrades à travers les âges. Qu'en sera-t-il de leur avenir ? Si un jour la Terre devait connaître une autre extinction massive, ces créatures minuscules mais robustes pourraient encore une fois, se révéler être les derniers bastions de la vie sur notre planète. Découvrez comment ces petits héros de la nature continuent d'intriguer les scientifiques et de défier notre compréhension de la vie sur Terre.