Le phénomène des "gouttes froides" a récemment été au cœur de l'actualité, surtout après le tragique épisode survenu dans la région espagnole de Valence. Le 29 octobre, des orages persistants ont causé la destruction de nombreux faubourgs, laissant derrière eux un bilan dévastateur de plus de 200 morts et des dizaines de disparus.

Une masse d'air froid, détachée des courants d'altitude du nord de l'Europe, a traversé la péninsule ibérique, entraînant une instabilité atmosphérique extrême. Les précipitations ont été phénoménales, atteignant localement 618 mm d'eau par mètre carré en seulement quelques heures, soit l'équivalent d'une année de pluie pour certaines régions.

Les précédents événements similaires remontent à septembre 1996, avec des records de 520 mm de pluie en 24 heures, mais les conditions actuelles sont accentuées par des facteurs climatiques contemporains.

Quel lien avec le changement climatique?

Des chercheurs du monde entier se penchent sur chaque événement météorologique extrême. Bien que le changement climatique ne soit pas toujours la cause unique d'événements d'une telle ampleur, son impact est indéniable. Le collectif WWA (World Weather Attribution) a récemment rapporté que les pluies concentrées en une seule journée sont désormais 12 % plus intenses dans notre climat actuel comparé à l'ère pré-industrielle. De plus, la fréquence de ces événements a été multipliée par deux.

Une étude d'attribution plus détaillée à venir devrait clarifier si l'Espagne est désormais plus vulnérable à ce type de catastrophes à cause du changement climatique.

Observations troublantes

Les modèles climatiques préviennent d'un accroissement du risque de pluies extrêmes dans les décennies à venir, tendance déjà confirmée par des données récentes. Selon Météo France, le nombre de jours avec des précipitations dépassant 150 mm a considérablement augmenté depuis 1961, avec un doublage des jours à plus de 200 mm enregistré entre 1961 et 2023.

L'impact sur la Méditerranée

La source de ces précipitations exceptionnelles est directement liée à la température de l'air chaud, qui augmente la capacité de l'atmosphère à retenir l'humidité. Pour chaque degré supplémentaire de température, l'air peut contenir jusqu'à 7 % d'eau en plus. Cette humidité provient non seulement des sols asséchés par la chaleur mais aussi de la mer Méditerranée, déjà fortement évaporée. Les phénomènes d'évaporation de l'eau de la mer contribuent à des pluies énormes lorsque cette vapeur se condense et redescend sous forme de pluie.

Vers un avenir inquiétant

Malheureusement, le réchauffement climatique continuera d'aggraver la situation. Chaque nouvelle décennie depuis trois décennies est plus chaude que la précédente, Singapore attendant un réchauffement de 2,2 °C, bien au-delà de la moyenne mondiale. En particulier, la Méditerranée accumule des températures record, atteignant 28,9 °C à la mi-août 2024, catalysant ainsi des événements météorologiques extrêmes.

Dans le même temps, les émissions de gaz à effet de serre causées par les activités humaines continuent d'augmenter, atteignant un record mondial en 2023, ce qui représente une escalade alarmante de l'impact humain sur le climat.

**Le corollaire** : si ces tendances se poursuivent, l'Espagne et d'autres régions méditerranéennes devront se préparer à des orages encore plus violents et dévastateurs à l'avenir. La question reste : jusqu'où iront ces effets du changement climatique? Une véritable prise de conscience et d'action est désormais essentielle.