Science

Les pandas trompés : comment ils sont devenus les fans inconditionnels du bambou

2025-03-03

Auteur: Emma

Bien que faisant partie de l’ordre des carnivores, les pandas géants passent jusqu'à seize heures par jour à se nourrir exclusivement de bambou. Ce régime alimentaire intrigue les scientifiques depuis des décennies : pourquoi ces ours au pelage distinctif, dotés de dents adaptées à la viande, ont-ils migré vers une plante si pauvre en nutriments ? Une récente découverte génétique pourrait enfin éclairer ce mystère fascinant.

Une avancée scientifique décisive

Le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) représente un véritable paradoxe biologique. Classé parmi les carnivores, il dépend presque entièrement du bambou pour sa survie, en consommant jusqu'à quinze kilos par jour. Ce choix alimentaire, aussi surprenant qu’étrange, se révèle encore plus déroutant en raison des faibles valeurs nutritives et de la difficulté de digestion du bambou. Pourquoi cet animal a-t-il choisi un régime si exigeant ?

Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par l'Université normale de Chine de l'Ouest, a récemment percé le secret derrière ce mystère. Leur étude, publiée dans la revue *Frontiers in Veterinary Science*, révèle que de minuscules molécules, appelées microARN (miARN), issues du bambou, pénètrent dans le corps des pandas et influencent l'expression de leurs gènes. Cette interaction génétique entre les plantes et les animaux façonne les préférences alimentaires et les mécanismes physiologiques des pandas.

Le bambou et son impact génétique

En analysant des échantillons de sang de plusieurs pandas géants, les chercheurs ont identifié 57 microARN végétaux présents dans le sang de ces animaux. Les microARN jouent un rôle crucial dans la régulation de l'expression des gènes. Contrairement à l’ARN messager, qui transmet les instructions pour la synthèse des protéines, les microARN modifient cette production en se liant à des séquences complémentaires.

Dans le cas des pandas, ces microARN issus du bambou affectent divers aspects physiologiques. Par exemple, ils augmentent la sensibilité au goût amère, ce qui aide les pandas à éviter les plantes toxiques. De plus, ces molécules influencent le métabolisme et le système immunitaire, permettant aux pandas d'absorber plus efficacement les faibles nutriments présents dans le bambou.

Une découverte fascinante est l’impact des microARN sur le système de récompense du cerveau des pandas. Certains de ces microARN régulent la production de dopamine, un neurotransmetteur lié au plaisir et à la motivation. Cela pourrait expliquer pourquoi, malgré la monotonie de leur alimentation, les pandas éprouvent de la satisfaction à consommer du bambou.

Adaptation vitale pour leur survie

Cette interrelation génétique a sans doute joué un rôle déterminant dans l’évolution et la survie des pandas géants. En adaptant leur physiologie et leur comportement à un régime alimentaire exclusivement basé sur le bambou, ces animaux ont pu exploiter une ressource végétale abondante, mais peu concurrentielle. Toutefois, cette spécialisation les rend aujourd'hui particulièrement vulnérables face aux changements environnementaux.

Au-delà de la simple explication du régime alimentaire des pandas, cette étude offre des perspectives captivantes pour la recherche en génétique et en conservation d'espèces. Elle souligne l'importance des interactions complexes entre l'alimentation, les gènes et le comportement. Les découvertes pourraient également avoir des applications dans la santé humaine, notamment dans le développement de nouvelles thérapies reposant sur les microARN.

En comprenant mieux les mécanismes génétiques derrière les préférences alimentaires et les adaptations physiologiques, les chercheurs pourraient élaborer des stratégies plus efficaces pour la conservation des pandas géants et d'autres espèces menacées. Cette avancée permet de renforcer les efforts de préservation de ces emblématiques créatures avant qu'il ne soit trop tard.