Affaires

Les livreurs : de plus en plus épuisés, de moins en moins rémunérés

2025-04-04

Auteur: Julie

Les livreurs indépendants font face à une réalité alarmante. Après une enquête approfondie de l'Anses sur leurs conditions de santé et de travail, l'autorité de régulation du secteur, l'Arpe, a récemment publié des chiffres inquiétants concernant la chute drastique de leurs revenus entre 2021 et 2024.

Amandine, une livreuse pour Uber Eats en Essonne, témoigne : "En 2021, je gagnais 916 euros par semaine pour 140 courses ; aujourd'hui, je ne touche que 880 euros pour 164 courses." Elle envisage même de quitter ce métier au plus vite, tant la pression financière se fait sentir.

L'Arpe corroborent ses dires en révélant que le taux horaire brut des livreurs a considérablement chuté. En tenant compte de l'inflation, ce taux a baissé de 34,2% chez Uber Eats, de 26,6% chez Stuart, et de 22,7% chez Deliveroo. Ce constat désastreux est un échec pour le syndicat Union-Indépendants, qui avait signé en 2023 un accord promettant un revenu minimum horaire de 11,75 euros brut pour les livreurs.

La situation est tout aussi préoccupante pour les chauffeurs de VTC. Les données de l'Union-Indépendants montrent une baisse constatée des revenus entre 2022 et 2024 chez des plateformes telles que Bolt et Uber. Le revenu horaire a chuté de 12% chez Bolt, tandis qu'il stagne chez Uber avec une baisse de 1%.

Pour garder le même niveau de revenu, les livreurs et les chauffeurs doivent désormais rester connectés beaucoup plus longtemps, mentions du syndicat, intensifiant ainsi leur charge de travail. Les VTC doivent également faire face à des temps d'attente qui se sont allongés considérablement, 35,3% chez Uber Eats et 16,9% chez Deliveroo entre 2021 et 2024.

Ce phénomène est exacerbé par l’afflux croissant de nouveaux chauffeurs sur le marché. Les livreurs se voient obligés d’élargir leurs zones de livraison, ce qui les pousse à investir dans des véhicules tels que des scooters ou des voitures, générant ainsi des frais supplémentaires liés à l'achat, à l'assurance, et à l'entretien.

Face à cette situation, l'Union-Indépendants réclame une règlementation stricte sur la rémunération, notamment une'"rémunération hora-kilométrique juste et obligatoire", ainsi que la régulation des algorithmes utilisés par les plateformes. Selon Uber Eats, des efforts sont en cours pour améliorer les conditions de travail, promettant un revenu minimal par course. Cependant, Deliveroo insiste sur le fait que leurs revenus par prestation demeurent parmi les meilleurs de l'industrie.

Des négociations se poursuivent tout au long de l'année entre les plateformes et les syndicats pour trouver des solutions viables pour les quelque 71 000 livreurs indépendants en France, dont la grande majorité livre des repas. Cette étude a pour but de éclairer le grand public sur la réalité de ces travailleurs souvent invisibles.