Nation

« Les gens recommencent à avoir peur » : La communauté algérienne de Barbès s'inquiète des tensions entre Paris et Alger

2025-03-20

Auteur: Chloé

Mercredi matin à Barbès, véritable épicentre de la communauté algérienne à Paris. Alors que le soleil peinent à réchauffer cette fin d'hiver, l'atmosphère se charge de mélancolie et d'inquiétude. Les étals sur les trottoirs sont garnis de délices sucrés en prévision du Ramadan, qui entre dans sa dernière ligne droite. Sous des abris improvisés, des femmes façonnent avec soin des galettes et cuisent des crêpes épaisses, bien que leurs visages trahissent une fatigue palpable. La rupture du jeûne est encore lointaine, mais l’heure n’est pas aux réjouissances.

Derrière son comptoir, Salah, boucher de quarante-cinq ans d’expérience en France, ne peut s’empêcher d’exprimer son malaise : « J’ai connu des temps difficiles, mais ce que je vois aujourd’hui, je n’ai jamais vécu ça. On allume la télévision le matin, on entend parler de l’Algérie, à midi c'est encore l’Algérie, et le soir, la même rengaine. » Avec une voix empreinte de colère et de tristesse, il lève les yeux au ciel : « Ils n’ont vraiment que ça à faire ? Existe-t-il d'autres questions à régler ? »

Né à Guelma, cette terre qui a vu ses ancêtres vivre des moments tumultueux de l’histoire, Salah rappelle que la France est pour lui plus qu’un pays d’accueil. « C’était la France », évoque-t-il. Son grand-père, lui aussi, était français. Il souligne avec force la longue histoire d’entrelacement des cultures entre l’Algérie et la France, pointant du doigt que ce n’est pas quelques individus malintentionnés qui devraient déchirer les liens tissés pendant deux siècles.

Les récentes menaces du gouvernement français sur les accords bilatéraux de 1968 les préoccupent. « C’est aux chefs d’États de gérer ces affaires, pas à des hommes politiques de bas étage », estime-t-il, plein de sagesse. Dans ce contexte d'incertitude, l'identité algérienne à Paris semble vaciller, mais Salah reste fier de son héritage. « Je suis fier d’avoir ces deux cultures », déclare-t-il, espérant que l’amour et la paix prévaudront avant tout. Au-delà des tensions actuelles, c'est cette fierté et cette résilience qui alimentent le quotidien des Algériens de Barbès.