« Les féministes et la répression : Faut-il craindre un retour en arrière ? »
2024-12-29
Auteur: Emma
Le 19 décembre, en milieu de journée, j’observe un rassemblement de jeunes féministes devant le tribunal d’Avignon, chantant avec ferveur l’hymne du Mouvement de libération des femmes, une pièce emblématique écrite il y a plus de cinquante ans. À cet instant, passé et présent s’entrelacent, révélant la continuité des luttes. « Vingt ans pour tous ! », s'élève une banderole, exprimant un souhait de sanctions plus sévères, malgré le verdict de la cour criminelle du Vaucluse, qui a prouvé, heureusement, une certaine tempérance.
Il est crucial de comprendre que le terme "global" évoque le totalitarisme ; une justice véritable doit être individualisée, prenant en compte les nuances et la complexité des vies humaines. Certes, la peine de vingt ans infligée à Dominique Pelicot, pour les horribles actes commis contre sa femme, soulève des interrogations sur la proportionnalité des peines. Cependant, les réactions de nombreuses associations féministes s'alarment de ce qu’ils considèrent comme une clémence excessive.
Ces échos d'indignation me rappellent les luttes des années 70, lorsque des féministes, dont je faisais partie, se battaient avec ardeur contre le viol. Nos revendications, bien que quelque peu différentes, énonçaient déjà le même message crucial : le viol est une manifestation du patriarcat, une question de pouvoir et de contrôle sur le corps des femmes, et non le résultat d'une pulsion masculine irrépressible. Il est impératif que les femmes cessent de se sentir honteuses de porter ces crimes à la lumière.
Face à ces enjeux, la lutte pour la justice doit se poursuivre. Depuis 1975, après le succès de la loi Veil pour la libéralisation de l'avortement, deux peurs fondamentales persistent chez les femmes : la grossesse non désirée et les agressions sexuelles. Il est essentiel de se demander comment continuer cette bataille. Écrire des tribunes, créer des slogans accrocheurs, organiser des manifestations sont des actions cruciales, mais ces moyens sont désormais considérés comme insuffisants face à l’urgence de symboliser une véritable alerte sociale.
Il semble que les voix féministes actuelles, tout en se battant pour la justice, présentent parfois des tendances plus répressives que celles qui les ont précédées. Est-ce que la révolte contre les inégalités féminines va de pair avec une sévérité excessive ? Plaidons pour une réflexion collective qui vise à renforcer la solidarité tout en évitant les dérives de la répression. L’avenir des droits des femmes en dépend.