Safran et l'Économie Écologique : Un Ordre Établi?

Le lundi 14 avril 2025, Olivier Andriès, le directeur général de Safran, s'est retrouvé au cœur d'une tempête médiatique après son audition par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Face à des interrogations sur les freins à la réindustrialisation en France, il a déclaré un point de vue controversé : il éviterait d'investir dans des villes gouvernées par des majorités écologistes.

La raison ? Des militants se seraient opposés à un projet d’usine à Rennes, ce qui, selon lui, rendrait son investissement peu souhaitable, notant ironiquement que créer 500 emplois ne devrait pas être accueilli avec des tomates !

Une Attaque Mieux Qu'un Sport National?

Ses déclarations ont déclenché des réactions vives. Il est devenu courant de critiquer les écologistes, mais il est légitime pour des élus locaux d'évaluer les entreprises qui s'installent sur leur territoire. Andriès a toutefois omis des éléments cruciaux dans son discours.

Le Projet Maintenu Malgré l'Opposition

Premièrement, il est important de noter que la résistance des écologistes n’a pas freiné le projet, qui avance et prévoit même une cérémonie de pose de la première pierre prochainement. Un timing politique qui suscite des interrogations, surtout à l’aube des élections municipales.

Une Opportunité Ignorée?

Deuxièmement, cette zone d'activité, acquise par les collectivités locales à Stellantis, a été initialement orientée vers des activités de transition écologique. L’aviation, responsable de 2,5% des émissions mondiales, ne correspond pas tout à fait à cette vision. Les élus écologistes avaient d'autres ambitions de durabilité, qui ont été mises à mal par cette acceptation du projet Safran.

Une Vision à Long Terme

Installer une industrie, c’est en effet penser à l’avenir sur le long terme. Avec les défis climatiques actuels, d'autres options auraient pu être envisagées, notamment avec des PME locales. La décision d’entreprendre avec Safran semble déconnectée des réalités régionales.

Le Chantage à l'Emploi Déjoué?

Il est essentiel de rappeler que le chantage à l’emploi ne dessine pas une politique industrielle durable. Si les emplois sont primordiaux, leur pérennité l’est tout autant, surtout en cas de hausse des coûts de l’énergie. Andriès a même insisté sur la nécessité d’une stabilisation des coûts énergétiques sur dix ans, une demande qui dépasse les compétences des collectivités.

Vers un Débat Public

En revenant sur la réalité de la situation, il semble que M. Andriès ait une vision biaisée de l'approche industrielle actuelle. Les élus écologistes travaillent activement avec des acteurs économiques intégrant l'écologie dans leur modèle.

Pour engager le dialogue, un débat public sur l’avenir industriel du territoire sera organisé le 28 avril par les élus écologistes rennais, avec Charles Fournier, député d’Indre-et-Loire et fervent défenseur de l’industrie verte. Andriès est cordialement invité à dépasser ses préjugés et à participer à cette discussion constructive.