«Les détenus dictent leurs règles» : Gérald Darmanin sous pression à Marseille !
2025-01-02
Auteur: Louis
Gérald Darmanin est bien connu à Marseille. En tant que ministre de l’Intérieur pendant plus de quatre ans, il y a effectué 34 visites, principalement pour discuter du narcotrafic qui dévaste la ville. Ce jeudi, il fait un nouvel déplacement, cette fois en tant que garde des Sceaux, au terme d'une autre année tragique pour Marseille. Bien que le nombre d'homicides liés au narcotrafic ait chuté à 24 en 2024, contre 49 l'année précédente, la tension demeure palpable. La montée en puissance du clan de la DZ Mafia, qui a presque totalement éliminé son grand rival, le gang des Yoda, aggrave la situation.
Darmanin, une nouvelle promesse pour Marseille
À peine nommé, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait déjà fait une visite à Marseille début novembre, accompagné de Didier Migaud, pour annoncer la lutte contre le narcotrafic comme une priorité nationale. Aujourd'hui, c'est Gérald Darmanin qui se retrouve sous les projecteurs. "Chaque fois qu’ils prennent leurs fonctions, les ministres de la Justice viennent à Marseille, mais la situation ne change jamais", s'exclame Cyril Huet-Lambing, secrétaire général adjoint du syndicat pénitentiaire des surveillants en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Alors que Darmanin affirme vouloir isoler les 100 plus grands narcotrafiquants, la communauté régionale est impatiente de voir les actions concrètes.
Saturation alarmante dans les prisons
Huet-Lambing insiste sur une grave pénurie de personnel dans les prisons des Baumettes et d'Aix-Luynes, où se trouvent de nombreux narcotrafiquants marseillais. "Aujourd’hui, la surveillance des narcotrafiquants est impossible. Ils passent leur temps à faire ce qu’ils veulent, et nous ne pouvons pas faire notre travail de manière efficace, faute de moyens. La situation est catastrophique", déplore-t-il, soulignant que les détenus finissent par dicter la loi. Les taux d'occupation aux Baumettes atteignent des niveaux ahurissants de 189,23 %, illustrant une saturation alarmante.
Tribunal à bout de souffle
La situation pénible ne se limite pas aux prisons. Le tribunal de Marseille souffre également d’un manque de ressources. "Nous faisons face à des délais de traitement démoralisants. Pour un simple divorce, l'attente est désormais de neuf mois", alerte Me Marie-Dominique Poinso-Pourtal, bâtonnière du barreau de Marseille. En octobre dernier, le président du tribunal judiciaire a exprimé des inquiétudes croissantes face à l'intensification du narcotrafic.
Le service du juge des libertés subit de plein fouet cette crise, manquant cruellement de magistrats : cinq à Marseille contre sept à Lyon. Olivier Leurent, président du tribunal, a plaidé pour le recrutement de douze magistrats supplémentaires. "C'est essentiel pour gérer l'explosion du narcotrafic et juger ces affaires", déclare-t-il.
Le ministre Darmanin a récemment rencontré la nouvelle ministre chargée des Comptes publics, espérant obtenir une augmentation du budget pour le ministère de la Justice. Les yeux sont maintenant rivés sur lui : peut-il réellement apporter des changements significatifs ? Samedi prochain, une manifestation pour la sécurité publique est prévue à Marseille, rassemblant des citoyens inquiets de la montée de la criminalité. Que se passera-t-il ensuite? La pression augmente, et le temps presse.