L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a émis récemment une alerte concernant une inquiétante hausse des tentatives de suicide chez les jeunes liée à la consommation de paracétamol. Ce phénomène est en partie attribué à un défi en ligne très populaire aux États-Unis, connu sous le nom de « paracétamol challenge ». Selon l’ANSM, « des retours d’expérience récents et des publications sur les réseaux sociaux soulignent la nécessité d’une vigilance accrue face à ces comportements à risque ». Pour mieux comprendre les implications de cette situation, nous avons interviewé le professeur Mathieu Molimard, pharmacologue et chef de service au CHU de Bordeaux.

Le paracétamol a-t-il toujours été le traitement de première ligne pour la douleur et la fièvre en France ?

Non, en fait, l’aspirine était auparavant le médicament privilégié. Cependant, dans les années 1980, le paracétamol a pris le relais, car il était perçu comme moins risqué, évitant certains effets secondaires graves, tels que les douleurs abdominales ou les risques hémorragiques associés à l’aspirine. Le paracétamol, un métabolite de la phénacétine, a vu son utilisation croître après que cette dernière a été retirée du marché en 1983 en raison des risques rénaux.

Concernant les abus de paracétamol en France, une enquête des centres antipoison a révélé qu'il n'y a eu qu'un cas rapporté, mais un cas reste inacceptable. Ce défi qui surgit des États-Unis a rapidement gagné du terrain sur TikTok, avec des vidéos montrant des adolescents hospitalisés pour avoir ingéré des quantités massives de paracétamol. Face à cette situation, l’ANSM et les autorités sanitaires ont lancé une campagne de sensibilisation pour décourager les pratiques à risque, mettant en garde contre les conséquences désastreuses de telles surconsommations, qui peuvent être considérées comme des tentatives de suicide.

L’intoxication au paracétamol représente la principale cause de greffe hépatique pour des raisons médicamenteuses. Pourquoi est-il aussi dangereux de surconsommer ce médicament ?

La surconsommation de paracétamol peut engendrer des dommages hépatiques irréversibles. Si une personne ne reçoit pas un antidote à temps, le foie peut être gravement endommagé, entraînant une douleur sévère, et souvent, la greffe du foie est la seule option de traitement. De plus, même les survivants peuvent faire face à une détérioration de leur qualité de vie à long terme.

Quelle quantité de paracétamol est considérée comme dangereuse ?

Cela varie d'une personne à l'autre, en fonction de leur état de santé et de leurs antécédents médicaux. En général, il est conseillé aux adultes de ne pas dépasser 3 grammes par jour, et au-delà de 4 grammes, les risques de complications hépatiques augmentent de manière significative. Ces dangers, souvent méconnus du grand public, soulignent l'importance d'utiliser ce médicament avec une prudence extrême.