Les bœufs musqués : Survivants des glaces en danger face au changement climatique ?
2024-12-27
Auteur: Jean
« Avec leur apparence robuste, semblable à celle d'un petit bison, pesant autant qu'un piano à queue et revêtus d'une épaisse fourrure hirsute, les bœufs musqués représentent l'une des espèces les plus emblématiques de l'extrême Arctique », rapporte le Guardian. Dans un article publié récemment, un journaliste britannique se lance à la recherche de ces majestueux animaux au Groenland, mais il se heurte rapidement à un constat alarmant : leur survie est menacée par les effets du changement climatique.
Susan Kutz, vétérinaire parasitologue à l’Université de Calgary, spécialisée dans l’étude des bœufs musqués, souligne que « le changement climatique intensifie les multiples défis auxquels ces animaux doivent déjà faire face ». Depuis le début des années 2000, les bœufs musqués, qui peuplent certaines régions polaires depuis des milliers d'années, ont vu l'une de leurs plus grandes populations réduire de moitié. Les 55 troupeaux recensés sont géographiquement isolés et peinent à interagir, ce qui entraîne un taux de consanguinité alarmant.
Ces bœufs musqués, vestiges de l’ère glaciaire, étaient autrefois présents en Europe et en Asie. Aujourd’hui, ils ne se rencontrent plus que dans les régions arctiques du Canada et au Groenland. Leur capacité à survivre à des hivers polaires où les températures descendent souvent en dessous de -20 °C est mise à rude épreuve par la montée des températures.
« Il n’y aura bientôt plus de terres habitables », prévient le Pr Niels Martin Schmidt, écologue à l’université d’Aarhus. Selon lui, le changement climatique a déjà eu des conséquences notables sur les déplacements des bœufs musqués, qui se dirigent toujours plus au nord à mesure que leur habitat se rétrécit. Il laisse entendre que cette migration ne peut pas se poursuivre indéfiniment : « À un moment donné, ils seront confrontés à l'océan, et l'Arctique devient de plus en plus petit. »
En outre, les bœufs musqués sont vulnérables à une multitude de maladies exacerbées par le réchauffement climatique. Susan Kutz explique que « l'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du monde », entraînant une augmentation des pathogènes dans leur environnement naturel. Par exemple, une étude de 2020 a révélé que les vers pulmonaires, responsables de problèmes respiratoires chez ces animaux, sont en plein essor.
Pire encore, une bactérie nommée Erysipelothrix rhusiopathiae pourrait représenter un danger majeur. Cette bactérie, courante chez les animaux d'élevage, a des taux de mortalité très élevés chez les mammifères arctiques. Bien qu’elle n’ait pas encore été détectée dans les populations isolées de bœufs musqués du Groenland, les chercheurs s’inquiètent de son introduction par des oiseaux ou d'autres mammifères déjà infectés.
Alors que les risques pour cette espèce emblématique augmentent, Susan Kutz reste pessimiste quant à leur avenir : « Je ne pense pas que la survie du bœuf musqué soit garantie. » L’horloge tourne, et le temps presse pour protéger ces survivants des glaces avant qu'il ne soit trop tard.