Nation

"Les autorités n'ont pas pris au sérieux les avertissements" : le cyclone Chido à Mayotte et ses conséquences tragiques

2025-01-03

Auteur: Emma

Il y a maintenant trois semaines, le cyclone Chido a frappé Mayotte avec une intensité dévastatrice. Les conséquences de cette catastrophe sont encore très visibles, avec plus de 30 % de la population vivant toujours sans électricité et des besoins urgents en eau et en nourriture, comme l'indique le ministère de l'Intérieur. Cependant, l'impact de ce cyclone aurait pu être atténué si les autorités avaient pris en compte les alertes d'experts comme Saïd Saïd Hachim, un géographe mahorais qui avait mis en garde sur la violence imminente de la tempête.

Des avertissements ignorés

La veille de l'ouragan, Saïd a pris l'initiative de se rendre dans les communes de Sada et Chiconi pour sensibiliser les élus et les habitants sur la nécessité de se préparer. Après avoir sécurisé sa propre famille à Mamoudzou, il a donné une interview d'une heure à la télévision locale pour alerter sur la gravité du cyclone : "Chaque fois que je disais : 'Attention, barricadez-vous, ce cyclone va être très fort', les gens n'y croyaient pas", explique-t-il avec une frustration palpable.

"Cette catastrophe a révélé un manque de communication et de sensibilisation crucial dans notre société. Nous avons tous notre part de responsabilité."

Une inquiétude personnelle

En tant que père, Saïd est particulièrement touché par les conséquences personnelles de cette tragédie. Son fils, Younès, est en quête d'un ami disparu, qui résidait dans un bidonville touché par les vents violents. "Cela fait quinze jours que je n'ai pas de nouvelles. C'est insupportable de penser qu'il pourrait ne plus être là", confie Saïd, qui a dû utiliser des techniques de réassurance pour apaiser son fils, s'inspirant du film "La vie est belle" de Roberto Benigni. "Nous racontons des histoires pleines d'espoir pour les protéger de la réalité brutale."

Un cri d'alarme pour Mayotte

Pour Saïd Hachim, la situation actuelle révèle des vérités troublantes sur les inégalités persistantes à Mayotte et la manière dont les autorités françaises gèrent cette collectivité. "Les blessures ne sont pas seulement physiques, elles sont psychologiques et sociales", affirme-t-il. "Cela met en lumière l'hypocrisie du système. Comment peut-on accepter que tant de personnes vivent dans des conditions indignes ? Le cyclone Chido n'a fait que révéler des injustices bien ancrées dans notre société."

Ce drame a également mis en lumière les "bangas", ces structures précaires cachées par la végétation. Saïd insiste sur la nécessité d'une prise de conscience collective pour rétablir l'équilibre et reconstruire Mayotte, pas seulement en termes matériels, mais aussi en matière d'humanité et de dignité.