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L'ère du nucléaire renaît : selon l'Agence internationale de l'énergie, la technologie pourrait transformer nos systèmes énergétiques

2025-01-16

Auteur: Louis

Après des années d'incertitudes et de recul, l'énergie nucléaire pourrait enfin connaître une renaissance. La catastrophe de Fukushima en 2011 avait conduit à une pause prolongée dans la construction de nouveaux réacteurs, mais l'Agence internationale de l'énergie (AIE) annonce que l'heure de la relance a sonné. Son rapport annuel, publié le 16 janvier, donne un aperçu des futurs défis et opportunités de l'industrie nucléaire mondiale. L'AIE prédit que « le nucléaire se trouve à l'aube d'une nouvelle ère », un constat qui découle surtout des impératifs de décarbonisation face au changement climatique.

L'engouement retrouvé pour l'énergie nucléaire est alimenté par divers facteurs : les préoccupations croissantes sur la sécurité énergétique, la nécessité d'augmenter la capacité de production d’électricité à faibles émissions, et des avancées technologiques significatives. Cependant, l'AIE avertit qu’il existe plusieurs défis majeurs à surmonter afin de relancer cette source d'énergie. L'industrie nucléaire a été frappée par plus de trois décennies d'incertitudes, entre coûts de construction élevés, retards chroniques, et préoccupations sur la sécurité et la gestion des déchets.

Aujourd'hui, seulement 9 % de l'électricité mondiale provient des 410 réacteurs nucléaires en opération, une chute notable par rapport aux 18 % que représentait cette source d'énergie dans les années 1990. Malgré cela, l'AIE projette des investissements énormes — jusqu'à 70 milliards de dollars par an d'ici 2030 — pour relancer le secteur. Les pays se tournent vers le nucléaire pour répondre à la demande croissante en électricité, en complément des énergies renouvelables, marquée par la montée en puissance des voitures électriques et des data centers. La France, avec 65 % de son électricité provenant du nucléaire, devance des pays comme la Slovaquie et l'Ukraine dans cette dynamique.

Un virage se dessine, avec 63 nouveaux réacteurs actuellement en construction à travers le globe, principalement en Chine, qui à elle seule compte pour près de la moitié de la capacité nouvelle. En effet, l'impulsion géopolitique dont bénéficie la Russie dans ce secteur est préoccupante, surtout dans un contexte d'instabilité internationale, soulignant la dépendance des pays occidentaux vis-à-vis des approvisionnements en uranium et technologie russe.

Les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) suscitent un intérêt croissant et sont présentés comme des solutions potentielles, capables de générer d'importantes économies d'échelle et de répondre efficacement aux besoins d'électricité dans des zones spécifiques. Les projections avancent que ces SMR pourraient être opérationnels d'ici 2030, un développement au centre des discussions politiques et économiques en France, malgré des réserves sur la viabilité de certains projets.

Pour pallier les lourds investissements requis pour dynamiser le secteur, un appel à automatiser la production des réacteurs et à établir des contrats d'achat d'électricité à long terme a été lancé par l'AIE. Cette politique pourrait stabiliser les coûts et réduire l'incertitude pour les investisseurs. La pression pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, en particulier solaire et éolien, s'intensifie également, car le climat mondial exige une réponse immédiate et coordonnée. Le futur de l'énergie nucléaire dépendra non seulement de sa capacité à se réinventer, mais aussi de sa complémentarité avec d'autres sources d'énergie décarbonées. La compétition entre ces technologies pourrait bien redéfinir le paysage énergétique du monde dans les prochaines décennies.