Législatives à l’île Maurice : Un million d'électeurs aux urnes, des résultats attendus lundi
2024-11-10
Auteur: Emma
Les Mauriciens se sont rendus aux urnes dimanche 10 novembre lors des élections législatives qui suscitent un vif suspense, sur fond d'inquiétudes économiques et démocratiques dans cette île de l'Océan Indien, souvent considérée comme un modèle de stabilité et de prospérité en Afrique. Bien que l'île soit reconnue pour sa démocratie stable, l'opposition a exprimé des craintes concernant de possibles fraudes électorales.
Depuis son indépendance en 1968, l'île Maurice a été dirigée par seulement trois familles. Le Premier ministre actuel, Pravind Jugnauth, espère obtenir un nouveau mandat de cinq ans à l'issue de ce scrutin dont l'issue demeure incertaine. Jugnauth fait campagne avec des arguments renforcés par un « accord historique » signé début octobre avec Londres concernant la souveraineté de l’archipel des Chagos, qui représente un succès significatif après plus de cinquante années de litige.
Cependant, la campagne de Jugnauth a été ternie par un scandale d’écoutes téléphoniques, qui a permis la diffusion de conversations privées impliquant des politiciens, membres de la société civile, diplomates et journalistes sur les réseaux sociaux. En réponse à cette crise, les autorités avaient initialement prévu de bloquer l'accès aux réseaux sociaux jusqu’au lendemain du scrutin, mais se sont rétractées devant les critiques de l’opposition.
Un total d’environ un million d’électeurs étaient appelés à voter, répartis sur 891 candidats. Les deux principales forces politiques en compétition étaient d'un côté, l’alliance du Mouvement Socialiste Militant (MSM) dirigée par Pravind Jugnauth, et de l'autre, l’Alliance du Changement menée par Navin Ramgoolam, ancien Premier ministre âgé de 77 ans. Ramgoolam a exprimé sa confiance, affirmant que « le peuple attend cette libération », tandis que Jugnauth se dit également optimiste quant à sa réélection, louant son bilan.
Les deux rivaux ont également dû faire face à une nouvelle alliance qui se présente comme une alternative, utilisant le slogan : « Ni Navin ni Pravind », critiquant la corruption et le népotisme qu’ils estiment être des problèmes récurrents à Maurice. Huit sièges sont réservés par la commission électorale pour garantir une représentation équilibrée entre les différentes communautés du pays.
Un taux de participation de 70 % a été enregistré à 17 heures (heure locale), peu avant la fermeture des bureaux de vote, un chiffre qui pourrait évoluer, mais qui est significatif quant à l'engagement démocratique des Mauriciens. Les résultats sont prévus pour être divulgués lundi.
Récemment, Maurice a fait un bond dans le classement de l'indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique, déplaçant l'île de la première à la deuxième position. Cette avancée indique des progrès en matière de développement socio-économique, avec une croissance du PIB estimée à 7 % pour l'année 2023.
Dans le contexte de la politique mauricienne, il est intéressant de noter que Jugnauth avait remporté les législatives en 2019, avec 42 sièges sur 70 à l’Assemblée nationale. Cette victoire avait renforcé sa légitimité après qu'il ait succédé à son père, Anerood Jugnauth, en 2017.
Navin Ramgoolam, l’un des figures emblématiques de la politique mauricienne, est le fils de Seewoosagur Ramgoolam, qui fut le premier Premier ministre du pays après son indépendance. La récente conclusion de l’accord avec le Royaume-Uni sur les Chagos a été présentée par Jugnauth comme la finalisation de la « décolonisation » de l'île, bien que cet accord confère toujours des droits souverains à Londres sur la base militaire américaine établie dans l’archipel. Les Mauriciens continuent donc de lutter pour la pleine reconnaissance de leur souveraineté.