Trois mois après avoir pris les rênes de Matignon, François Bayrou a choisi de consacrer sa journée du jeudi 13 mars à des enjeux de défense cruciaux, en réponse à la 'menace' russe soulevée par Emmanuel Macron. Au programme, un petit déjeuner avec ses ministres, une réunion à l'Élysée avec sept ministres et le président de la République, suivie d'une rencontre avec des dirigeants parlementaires. Il a également effectué un déplacement express au salon Global Industrie à Lyon, marquant ainsi l'une de ses rares visites hors de Paris et de sa ville de Pau, où il est plutôt discret. Depuis sa nomination, il n'a réalisé qu'une demi-douzaine de déplacements de ce type.

Cependant, le style de François Bayrou reste déconcertant, même pour ses propres soutiens. Le centriste ne semble pas adopter les 'séries' de communication habituellement attendues. Contrairement à ses prédécesseurs, il a évité les interviews télévisées aux heures de grande écoute, comme celles du « 20 Heures », et a aussi renoncé aux bains de foule dans les villes de province, des exercices classiques qu'il refuse obstinément. 'Mes prédécesseurs avaient parfois besoin de rencontrer les Français…', confie-t-il avec une pointe de défi.

Les retours sur sa gestion sont partagés, certains déplorant son manque de concret et le qualifiant de 'pas vraiment un homme d’action', comme l’indique François Goulard, trésorier d’Horizons. Ce sentiment de désorientation s'étend au sein de l'équipe gouvernementale, qui s'interroge sur la stratégie à long terme de Bayrou.

En dépit de ces critiques, plusieurs experts estiment que ce style atypique pourrait néanmoins porter ses fruits à long terme, surtout dans un contexte international aussi instable. En prenant le temps de familiariser les Français avec des enjeux fondamentaux comme la défense, Bayrou pourrait construire une approche plus réfléchie, voire innovante, face à des crises géopolitiques grandissantes. Alors, la question demeure : le style audacieux de Bayrou sera-t-il un atout ou un handicap pour son gouvernement ? Les mois à venir nous le diront.