Affaires

Le régulateur bancaire suisse sous le feu des critiques après la débâcle de Credit Suisse

2024-12-20

Auteur: Philippe

Une débâcle qui soulève des questions cruciales. Le gendarme suisse des marchés financiers, la Finma, est pointé du doigt pour son incapacité à prévenir les erreurs des dirigeants de Credit Suisse. Une enquête de près de dix-huit mois a conclu qu’une crise financière mondiale, prévue en 2023, n’a été évitée qu’à la faveur d’une intervention rapide des autorités helvétiques. Le rapport de plus de 500 pages établi par la commission d’enquête ne trouve aucune faute dans le comportement des régulateurs, mais souligne leur rôle essentiel dans l’évitement d’une crise internationale.

Le rapport met en lumière l’« inefficacité partielle » de la Finma, notamment avant le mouvement de panique des marchés en mars 2023. En 2017, la Finma avait accordé des allègements de fonds propres à Credit Suisse, ce qui, selon la commission, a permis à la banque de survivre jusqu’en 2021, alors qu'elle se serait trouvée dans une situation précaire dès 2022 sans cet allègement. Malgré des avertissements pas assez suivis d’effet, les dirigeants de Credit Suisse se sont montrés réticents aux interventions de la Finma.

La commission a constaté que trop d’importance a été accordée aux demandes du secteur bancaire, incitant à un réexamen des règles pour les banques considérées comme « trop grandes pour faire faillite ». Lors d’auditions ayant impliqué 79 personnes et plus de 30.000 pages de documents, des critiques ont été émises concernant l’inefficacité des régulations imposées aux banques d’importance systémique.

Le rapport appelle à durcir ces règles afin qu’elles ne soient plus « hésitantes », étant donné que la Suisse a déjà dû porter secours à UBS en 2008 et ne possède actuellement plus qu'une seule banque d’importance systémique mondiale. Depuis la fusion entre UBS et Credit Suisse, des inquiétudes majeures émergent sur la viabilité future du système bancaire helvétique, alimentant une crise de confiance parmi les clients et investisseurs.

En réponse, le président d’UBS, Colm Kelleher, a exprimé des inquiétudes sur les impacts potentiels du durcissement des régulations, avertissant que ce dernier pourrait pénaliser UBS face à la concurrence internationale. De son côté, l’Association suisse des employés de banque a appelé à davantage de ressources pour la régulation des banques, mettant en avant le rôle de dirigeants peu scrupuleux dans la chute de Credit Suisse.

Cette situation montre à quel point la régulation bancaire est cruciale pour garantir la confiance dans le système financier, une confiance qui, comme l’a rappelé Kelleher, est dure à établir et rapide à perdre. L'avenir de la place financière suisse dépendra de la réponse des autorités face à cette crise, alors que le pays se retrouve dans une position délicate sur la scène mondiale.