Monde

Le plan audacieux d'un groupe nationaliste israélien : coloniser le sud du Liban

2024-12-18

Auteur: Marie

«L'accord entre Israël et le Hezbollah ne changera rien. La seule solution pour empêcher le retour de l'ennemi chiite est la colonisation juive.» C'est ce que déclarait le groupe nationaliste israélien «Uri Tzafon» au début de décembre. Malgré les tensions croissantes et les accusations portées par la France envers l'armée israélienne concernant des violations répétées du cessez-le-feu au Liban, ce mouvement messianiste voit la colonisation comme une nécessité.

Le concept «Uri Tzafon», qui peut être traduit par «Lève-toi, ô Nord», trouve son origine dans le Cantique des cantiques, soulignant l'inspiration religieuse derrière ce mouvement. Depuis la création d'Israël en 1948, plusieurs groupes messianiques ont plaidé pour la colonisation du Liban, en particulier au sud du fleuve Litani, qu’ils considèrent comme partie intégrante de la «Terre promise». Avec un emblème symbolique représentant un cèdre encadré par l'étoile de David, Uri Tzafon a rassemblé des milliers d'adhérents en 2024, arguant que la colonisation ici offrirait une sécurité durable pour le nord d'Israël.

Karim Émile Bitar, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, souligne que ce type de nationalisme est alimenté par des ultranationalistes en Israël, dont certains prennent des mesures concrètes pour étendre la colonisation, évoquant des tentatives similaires passées de colonisation en Cisjordanie.

Des messages menaçants ont été diffusés dans le sud du Liban, exhortant les habitants à évacuer car «cette terre appartient à Israël». Récemment, de nouveaux colons d'extrême droite sont apparus dans cette mouvance, accompagnés de promesses immobilières attractives, suscitant ainsi des craintes et des réactions féroces sur les réseaux sociaux.

Uri Tzafon, fondé en avril 2024, a été propulsé par un climat de conflit entre Israël et le Hezbollah. Yoel Elitzur, linguiste et enseignant à l'Université hébraïque de Jérusalem, a qualifié l'attaque du Hamas le 7 octobre de «miracle» divin, justifiant l'expansion territoriale comme une volonté divine.

Le quotidien israélien Jerusalem Post a relayé des appels à annexer le sud du Liban, soulignant un ancrage historique prétendu du peuple juif dans cette région, accentuant ainsi les tensions géopolitiques. Bien que cette mouvance demeure marginale en Israël, elle génère de l'inquiétude au Liban, notamment après l'assassinat d'un chercheur israélien dans le sud libanais, ce qui renforce les suspicions d'une intention d'annexer ces territoires.

Des parallèles ont été dressés entre la situation actuelle et le passé, notamment l'installation de colonies en Cisjordanie. Cependant, les colons d'aujourd'hui sont beaucoup plus intégrés et soutenus par le gouvernement israélien. La dynamique politique a changé, et la pression semble croître pour une expansion territoriale à l'égard du Liban et au-delà.

L'inquiétude s'ancre également dans le discours des autorités israéliennes, qui évoquent la nécessité d'un «espace vital», indiquant un possible danger pour l'intégrité territoriale libanaise. En effet, des mouvements précédents, comme la tentative d'occupation lors de l'invasion de 1982, résonnent encore dans ce contexte actuel.

Les appels à la colonisation sont à la fois des reflets d'ambitions idéologiques et des manœuvres politiques dans un climat toujours plus radicalisé, laissant présager des tensions futures entre Israël et le Liban.