
« Le moment exige lucidité » : tensions entre l'Élysée et les médias Bolloré sur la Russie
2025-03-10
Auteur: Sophie
Critiques à l'égard de la posture de Macron envers la Russie
Cette semaine, François Bayrou a décidé de s'exprimer sur CNews et Europe 1, adoptant un ton virulent non seulement à propos de la Russie, mais aussi concernant ce qu'il perçoit comme un « renversement des alliances » orchestré par les États-Unis sous Donald Trump, qui se tournerait vers Moscou.
L’entourage du Premier ministre insisterait sur le fait qu'il ne s'agit pas d'« ostracisme » envers les médias Bolloré, qui ont été évités par certains membres de la gauche française, mais qui offrent par ailleurs une large tribune aux voix de droite et d'extrême droite. En effet, les débats au sein de ces médias semblent parfois enflammés, et des conseillers de haut niveau au sein de l'exécutif ont exprimé leur exaspération face aux questions des journalistes.
Un conseiller influent a fait référence à CNews, la qualifiant de « radio KGB », en réponse aux propos de Laurence Ferrari qui a laissé entendre que la France était sur le point de déclarer la guerre à la Russie.
Le quotidien Le Monde, dans un article publié ce week-end, a souligné que « les médias Bolloré défendent ouvertement la Russie ». Le quotidien mentionne notamment Pascal Praud, qui a affirmé sur CNews que « la Russie a gagné la guerre et nous, Européens, l'avons perdue, avec l'Ukraine », provoquant une indignation considérable.
Depuis la parution de l'article d'Ariane Chemin et Ivanne Trippenbach, les médias concernés ont vivement contesté ces allégations. Jules Torres, journaliste au Journal du dimanche, a déclaré lors d'une intervention sur Europe 1 qu’il n’y avait « pas de portrait de Vladimir Poutine dans la rédaction. Personne ne défend ouvertement Poutine ».
Pascal Praud a également réagi en accusant Le Monde de « tourner le dos à la vérité des faits » et d’adopter une position d’« extrême gauche ». Selon lui, le succès de CNews serait en contradiction avec la pensée unique qui domine actuellement les médias français.
Des figures controversées dans les médias Bolloré
Les journalistes et chroniqueurs associés à cet univers médiatique se déplacent fréquemment entre différentes émissions, administrant ainsi un écho à leurs opinions communément partagées. L’influence de Vincent Bolloré, milliardaire aux inclinations conservatrices, ne s’arrête pas là. Par l'entremise du groupe Louis Hachette, il détient également les Éditions Fayard, qui ont récemment publié un pamphlet intitulé « Bannie » d'Xenia Fedorova, ancienne directrice de la chaîne RT France, laquelle s'est vue interdire d’antenne après l’invasion de l’Ukraine. Dans cet ouvrage, Fedorova exprime que la liberté d'expression est de plus en plus menacée en France et diffuse des idées similaires sur CNews.
Maxime Audinet, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), a commenté pour l'AFP que les médias Bolloré figurent parmi « les rares à avoir accepté de recruter d'anciens collaborateurs de RT France ». Il voit dans ce phénomène une « connivence à la fois idéologique et éditoriale » au sein de ces médias, qui adoptent des positions « souverainistes, eurosceptiques, conservatrices, réactionnaires sur le plan idéologique », tout en se présentant comme des médias alternatifs, aux antipodes du système traditionnel.