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Le développement fulgurant des microalgues, un "or vert" promis à l'avenir : Analyse récente

2025-03-07

Auteur: Julie

Les microalgues, souvent appelées "or vert", suscitent un grand intérêt dans divers secteurs comme l'alimentation, les cosmétiques et même la médecine. Pourtant, leur expansion en Europe demeure lente, entravée par des coûts de production élevés et une réglementation stricte.

Ces micro-organismes photosynthétiques, qui peuplent nos océans depuis plus de 3,5 milliards d'années, englobent des centaines de milliers d'espèces. Bien qu'une dizaine d'entre elles aient atteint une production à l'échelle industrielle, la filière européenne de la microalgue est encore balbutiante, envisageant une production annuelle limitée à seulement 650 tonnes sur un étonnant total mondial de 130.000 tonnes, selon l'Association européenne de la biomasse algale (EABA).

La France, leader de la production de spiruline en Europe avec environ 200 tonnes par an, en consomme 400 tonnes chaque année. La spiruline, souvent présentée sous forme de poudre bleue, est un aliment traditionnel dans des pays comme le Mexique et le Tchad. Mais l'Europe, malgré son potentiel, subit une forte concurrence asiatique, où la production est nettement plus avancée. Maeva Subileau, professeure de biotechnologie à l'Institut Agro de Montpellier, précise : "Les pays asiatiques possèdent un savoir-faire et des traditions qui favorisent leur succès."

Cependant, l’un des principaux freins à ce développement est la réglementation européenne, qui encadre strictement la mise sur le marché des nouveaux aliments, comme les microalgues. Depuis 1997, le règlement Novel Food impose des tests rigoureux afin de s'assurer de leur sécurité, un processus long qui peut coûter entre 500.000 et un million d'euros. Hélène Marfaing, du Centre d'étude et de valorisation des algues, craint que cette réglementation ne freine l'innovation.

Des avancées ont été réalisées, avec des entreprises comme Fermentalg à Libourne, qui a consacré six à sept ans de recherche à la création de colorants bleus naturels à partir de microalgues, mais l'accès à des microalgues rentables nécessite encore de longues périodes de développement. Les moyens techniques de culture – qu'il s'agisse de lumière naturelle ou de fermentation, qui est la méthode la plus coûteuse – sont également un enjeu majeur pour les producteurs. Une culture en lumière naturelle nécessite une grande surface d'étangs ouverts, tandis que la culture en circuit fermé demande d'importantes installations pour éclairage et régulation thermique, relevant ainsi des coûts d’investissement très élevés.

Pour mettre en lumière le potentiel économique des microalgues, il est intéressant de noter que le marché mondial pourrait atteindre 5 milliards d'euros d'ici 2025, en raison de leur diversité d'applications allant bien au-delà de l'alimentation, entrant dans l'industrie pharmaceutique et la biotechnologie.

Néanmoins, avec des startups innovantes et une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, les microalgues pourraient enfin réaliser leur potentiel en Europe, transformant cette lenteur en avancement rapide dans les années à venir.