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Le changement d’heure : un vestige du passé qui coûte cher à l'énergie ?

2024-11-11

Auteur: Philippe

Le changement d'heure, instauré en France en 1976, soulève aujourd'hui des questions cruciales sur son efficacité énergétique. Apprécié autrefois pour ses promesses de réduction de consommation d'électricité, ce dispositif semble de moins en moins pertinent. Examinons les enjeux et répercussions réelles de cette pratique sur notre consommation d'énergie.

Des économies d'énergie en déclin

Le passage à l'heure d'hiver à la fin d'octobre avait pour but d'engendrer des économies significatives. Pourtant, les données montrent une baisse constante de ces économies au fil des ans :

En 1996 : environ 1 200 GWh économisés

En 2009 : seulement 440 GWh

Actuellement : autour de 351 GWh

Cette dégradation s'explique notamment par l'évolution du mix énergétique français. Dans les années 70, l'électricité était majoritairement produite à partir de fioul, une source carboneuse. Aujourd'hui, grâce à l'expansion des énergies renouvelables et du nucléaire, notre bilan carbone s'est amélioré considérablement.

Les avancées technologiques en matière d’éclairage, comme les ampoules LED, ont aussi réduit l'impact du changement d'heure. Ces nouvelles ampoules consomment beaucoup moins, rendant plus modestes les économies liées à l'usage de la lumière naturelle.

Un impact négligeable sur le chauffage et la climatisation

Contrairement aux idées reçues, le changement d'heure n'affecte que très marginalement la consommation d'énergie pour le chauffage et la climatisation. Ces dépenses énergétiques dépendent principalement de la température extérieure. L'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) a évalué que les économies d'énergie futures dans ces domaines seraient minimes, prévoyant seulement 130 GWh d'économies d'ici 2030, une goutte d'eau face aux besoins énergétiques globaux de la nation.

Les énergies renouvelables et le changement d'heure

Bien que l'on puisse penser que le changement d'heure pourrait aider à maximiser la production d'énergie solaire, cette supposition est trompeuse. La production d'électricité solaire est à son apogée autour de midi lorsque le soleil est au zénith, et non durant les heures dont nous modifions l'affichage. De plus, la production d’électricité solaire diminue naturellement en hiver, et ce changement horaire n'affecte en rien l’ensoleillement réel.

Ainsi, les effets du passage à l'heure d'été ou d'hiver n'ont pas d'impact sur l'efficacité ou la rentabilité des installations solaires, d’autant plus que les variations saisonnières de production sont déjà marquées.

Le débat sur la pertinence du dispositif

Devant ces faits, le Parlement européen a déclaré en 2017 que l’impact du changement d’heure sur la consommation énergétique était « marginal ». En 2019, une proposition de suppression du dispositif a été mise en avant, initialement prévue pour 2021. Cependant, la crise sanitaire de la Covid-19 a bloqué cette décision, laissant le débat en suspens.

Aujourd'hui, la question devient urgente. Les économies apportées par le changement d'heure sont devenues insignifiantes face aux avancées technologiques et aux changements du mix énergétique. De plus, de nombreux experts pointent du doigt les effets néfastes potentiels sur la santé et le rythme biologique des individus.

Avec la nécessité d’avancer vers un avenir énergétique durable, la remise en question de cette mesure, héritage d'un autre temps, s'impose. Plutôt que de nous demander si le changement d'heure permet encore de faire des économies d'énergie, il serait plus judicieux de se demander s'il a encore sa place dans une société moderne, soucieuse de son bien-être et de l'environnement.