CINÉMA - L'équipe du film L'abbé Pierre : Une vie de combats, qui met en vedette Benjamin Lavernhe dans le rôle principal, a pris position ce mardi 17 septembre contre des crimes graves maintenant révélés. Les allégations viennent d'une vingtaine de femmes ayant accusé le religieux de violences sexuelles, certaines de ces victimes étant même mineures à l'époque des faits.

Dans un communiqué, l'équipe artistique a exprimé son choc face à ces révélations : « Ces crimes, qui jettent un éclairage totalement différent sur la figure de l'abbé Pierre, nous étaient inconnus lors de la réalisation du film, tout comme ils l'étaient pour le grand public. Nous condamnons fermement ces agissements et souhaitons apporter notre soutien inébranlable aux nombreuses victimes. »

L'abbé Pierre, pourtant acclamé pour son lutte contre la pauvreté, est désormais vu sous un jour alarmant. Ces accusations soulèvent des interrogations sur le silence persistant des institutions, tout en remettant en question la dimension héroïque du film réalisé par Frédéric Tellier, qui a attiré plus de 800 000 spectateurs depuis sa présentation au Festival de Cannes au printemps 2023.

Des voix critiques s'éveillent. François Morel, dans une chronique sur France Inter, a mis en garde contre les dangers des biopics glorifiants : « Un homme peut simultanément être un fervent défenseur des droits des opprimés et un prédateur sexuel », a-t-il déclaré. Ces contradictions nécessitent une réflexion approfondie sur la manière dont nous célébrons des figures publiques.

Benjamin Lavernhe, qui avait précédemment exprimé sa forte admiration pour l'abbé Pierre, a reconnu la complexité de sa personnalité. « Il faut désacraliser ce personnage pour découvrir ses doutes et contradictions », a-t-il confié à l'AFP.

Cette prise de conscience croissante sur la vie de l'abbé Pierre a même inspiré son réalisateur, qui cherche à dévoiler les éléments méconnus du personnage. Il a exprimé son choc et son étonnement face aux histoires de ceux qui l'ont connu, révélant ainsi la nécessité d'un récit nuancé.

De plus, le Vatican a récemment admis, le 18 septembre, avoir eu connaissance des agissements inappropriés de l'abbé Pierre, une déclaration qui soulève encore davantage de questions. Comment une telle figure a-t-elle pu échapper à une véritable accountability pendant tant d'années? L’impact de ces révélations sur la perception publique et la mémoire de l'abbé Pierre demeure à suivre.

Ce biopic n'est pas le premier à retracer la vie de l'abbé Pierre ; en 1989, le film Hiver 54, l'abbé Pierre avec Lambert Wilson avait déjà abordé cette figure controversée. Alors que l'intérêt pour son histoire renaît, il est impératif que le public et les institutions s'engagent à comprendre les complexités d'une figure aussi emblématique, tout en reconnaissant la souffrance des victimes.