Le 22 janvier : une journée d’alerte pour l’allemand, plus que de fête
2025-01-22
Auteur: Chloé
Depuis sa création en 2003, la Journée franco-allemande, célébrée le 22 janvier, devrait être un symbole d’amitié entre la France et l’Allemagne. Pourtant, pour ceux qui enseignent la langue de notre voisin, c'est un moment de tristesse et d'inquiétude. Selon les données de la rentrée 2023, seulement 13,5 % des élèves en France apprennent l'allemand au secondaire, et seulement 2,7 % dans le primaire. Ces chiffres alarmants indiquent un déclin inquiétant de l'apprentissage de l’allemand dans les établissements scolaires.
Une chute vertigineuse du nombre d’élèves
La situation devient critique : l'Association pour le développement de l’enseignement de l'allemand en France (ADEAF) observe une baisse continue du nombre d'élèves depuis 2019. Les prévisions sont catastrophiques, annonçant une perte potentielle de 200 000 élèves dans les six prochaines années si aucune mesure corrective n'est mise en place. En 2007, 62 500 élèves choisissaient l'allemand en tant que langue vivante 1 (LV1) en 6e, tandis qu’en 2022, ce chiffre a chuté à 29 377. Les réformes des classes bilangues instaurées en 2016 ont contribué à ce déclin abrupt, sans apporter de bénéfices dans les niveaux supérieurs.
CAPES d’allemand 2023 : un déficit inquiétant
La situation est également préoccupante au niveau des enseignants : en 2023, plus de 58 % des postes de professeurs d’allemand proposés au CAPES n’ont pas été pourvus. Le nombre de postes disponibles pour la session de 2024 a chuté dramatiquement de 164 à seulement 101. Ceci souligne une grave crise de vocation dans l'enseignement de l’allemand.
Difficultés pédagogiques et attractivité du métier
Depuis la réforme du collège, le volume horaire pour l'allemand a été réduit, rendant le poste d'enseignant moins attractif. Les élèves ont désormais entre 2,5 heures d'allemand sur 3 ou 4 classes, alors qu'auparavant, ils bénéficiaient de 3 à 4 heures par niveau. Ce changement a également entraîné des services de professeurs répartis sur plusieurs établissements, augmentant la charge de travail et la précarité de la profession.
Les choix linguistiques des familles
L’anglais reste bien sûr la langue privilégiée par de nombreuses familles, reléguant l’allemand à une position secondaire dans les choix académiques. Les classes mixtes, qui mélangent élèves germanistes et hispanistes, modifient les stratégies éducatives des familles, et l'allemand est souvent évité. Pire encore, la langue allemande est perçue comme difficile et élitiste, ce qui dissuade de nombreux jeunes élèves et leurs parents de s’y engager.
Un cri d'alarme pour l'allemand
Face à cette situation préoccupante, l’ADEAF appelle le Ministère de l’Éducation nationale à agir de manière proactive. Elle exige des moyens supplémentaires pour garantir une offre d'allemand de qualité dans les collèges, notamment un parcours bilangue attractif alliant l'allemand et l'anglais. Au-delà de l’importance culturelle et historique de cette langue, l'association insiste sur la demande croissante pour l’allemand sur le marché de l’emploi, un atout non négligeable pour les futurs diplômés. Les experts s'accordent à dire que la langue allemande ne doit pas disparaître des écoles françaises. C'est un facteur crucial pour maintenir et renforcer les relations entre la France et l'Allemagne dans un contexte européen en constante évolution.