L'histoire de Laure Calamy est captivante et résonne avec l'air du temps. Elle évoque l'image d'une jeune femme de la Renaissance qui, face à l'obligation de se marier avec un inconnu, choisit d'endosser une enveloppe masculine pour rencontrer son futur époux. « C'est un peu comme 'Orlando' de Virginia Woolf, qui est mon livre de chevet, mais en inversé. »

Laure s'interroge sur ce qu'elle ferait si elle pouvait être un homme pendant 24 heures. « Eh bien, je ferais l’amour ! » répond-elle sans hésitation, ajoutant avec humour qu'elle envisagerait un duo avec un homme et une femme. « Pourquoi pas en même temps ! » Son esprit libre et curieux se manifeste déjà dès son enfance, lorsqu'on la qualifiait de « garçon manqué » simplement parce qu'elle préférait grimper aux arbres plutôt que de jouer avec des poupées. « Je voulais connaître la liberté accordée aux garçons, pouvoir me salir, soulever des trucs, même me battre. »

Aujourd'hui, Laure se souvient des premiers pas qu'elle a fait sur scène, toujours nourrie par une « force dite virile » qui l'a inspirée à travers des figures masculines emblématiques. Elle partage sa passion pour des acteurs comme Patrick Dewaere tout autant que ses actrices préférées comme Isabelle Huppert.

Elle évoque également sa découverte de la féminité lorsqu'elle a commencé à porter des mini-jupes et des talons hauts pour imiter Madonna, se sentant à la fois puissante et vulnérable. « En même temps, il y a mille manières d’être une femme, comme il y a mille manières d’être un homme. Pourquoi en choisir une seule ? »

Laure n’hésite pas à aborder des sujets tabous tels que la sexualité avec une sincérité déconcertante. « Parler du corps des femmes, c’est politique ! » déclare-t-elle. Un exemple marquant de son audace se trouve dans la série « Dix pour cent », où elle court nue dans les rues de Paris. Son corps, dit-elle, est un « outil de travail », et elle n’a aucune réserve à montrer sa vulnérabilité sur scène.

Son parcours n’a pas toujours été simple. Adolescente, elle a connu une période de profonde insécurité, mais un été en Martinique a changé sa vie, lui permettant de trouver confiance et sensualité. Aujourd'hui, bien que la notoriété lui ait souri, elle confesse qu'elle se voit toujours comme avant, avec ses doutes et ses incertitudes.

Sa carrière l’a menée à être une figure centrale dans la comédie musicale « Peau d’homme », où elle doit user de son talent vocal. « Lors de la première répétition, j’en ai eu des sueurs froides. Passer d’une scène parlée à chantée demande une énergie particulière », explique-t-elle. Malgré sa popularité actuelle, la crainte de l’instabilité financière du métier d’acteur subsiste en elle.

Entre les projets, lors de ses moments de pause, Laure trouve refuge dans la nature et la montagne, s’éloignant du tumulte de Paris pour mieux se ressourcer. Elle aime marcher comme son personnage d’« Antoinette dans les Cévennes », en méditant sur ce que pourrait être sa vie si elle était quelqu’un d’autre. Sa passion pour la scène, son authenticité et son audace font d’elle une figure emblématique qui inspire beaucoup de personnes à embrasser leur véritable identité.