Le groupe Lactalis, leader mondial dans le secteur laitier, a annoncé une réduction significative de sa collecte de lait en France à partir de fin 2024, ce qui représente une "déflagration" pour le milieu agricole selon Arnaud Rousseau, président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles). Cette décision pourrait se traduire par une perte de près de 450 millions de litres de lait d'ici 2030, soit environ 2 % de la production laitière française.

Arnaud Rousseau a exprimé des préoccupations profondes sur l'avenir des producteurs, indiquant la nécessité de garantir qu'il y ait des structures en place pour collecter le lait, même si Lactalis essaie actuellement de naviguer à travers ces défis. Le groupe avait déjà laissé entendre au printemps dernier des difficultés sur le marché international, une information qui semble maintenant se concrétiser avec cette annonce.

Interrogé sur l'impact de cette décision, Rousseau a évoqué des discussions à venir tout en prévenant que la situation actuelle n'était pas propice à une évaluation immédiate des conséquences, notamment en ce qui concerne le nombre potentiel de fermes qui pourraient disparaître.

Dans un contexte plus large, l'agriculture française traverse une période tumultueuse, marquée par des crises multiples. 2023 a été qualifiée de "très mauvaise année" pour les agriculteurs, avec des récoltes de blé parmi les plus faibles enregistrées depuis 40 ans et des prévisions pessimistes pour les vendanges de 2024. Les producteurs doivent également faire face à plusieurs crises sanitaires graves, notamment la fièvre catarrhale ovine, la grippe aviaire, et la maladie hémorragique épizootique touchant les vaches.

Rousseau a souligné l'urgence d'une réponse rapide et efficace de la part du gouvernement concernant ces crises, notamment en matière de vaccination et d'indemnisation des producteurs touchés. Certains agriculteurs rapportent des pertes de jusqu'à 50 % au sein de leurs troupeaux.

Alors que des discussions politiques sont prévues, notamment la présence de la ministre de l'Agriculture au Sommet de l'élevage la semaine prochaine, le sentiment général dans le milieu agricole est que des mesures immédiates doivent être prises pour soutenir les producteurs en difficulté. Rousseau a insisté sur la nécessité de défendre les prix justes pour la matière première agricole afin d'éviter une dépendance accrue à l'importation.

La situation reste donc tendue pour les éleveurs français, qui espèrent des annonces claires et rapides pour faire face à cette crise profonde.