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L'Académie royale espagnole sous pression pour modifier la définition du mot 'juif'

2024-09-27

Un magistrat argentin a officiellement demandé le retrait d'une définition controversée du terme « juif » dans le dictionnaire de l'Académie royale espagnole (RAE). Cette définition, présentée comme un adjectif pouvant désigner « une personne avide ou usuraire », est vivement critiquée, bien que la RAE précise sur son site qu'elle est « offensante et discriminante ».

Le juge Ariel Lijo a ordonné à la RAE de « supprimer immédiatement (...) la cinquième définition du mot juif, car elle constitue un discours de haine qui incite à la discrimination pour des motifs religieux », comme l'a rapporté le site d'information argentin Infobae.

De plus, Lijo a demandé à l'Agence nationale des communications d'Argentine de censurer le lien vers cette définition dans le dictionnaire en ligne de la RAE tant qu’elle ne sera pas modifiée.

Cette intervention de la justice fait suite à une plainte déposée le 28 août par Claudio Epelman, directeur exécutif du Congrès juif latino-américain, et Jorge Knoblovits, président de la délégation des associations israélites en Argentine. Ils ont déclaré que cette définition constitue une grave violation des lois argentines stipulant que ceux qui promeuvent des idées justifiant la discrimination raciale ou religieuse peuvent encourir des peines allant d'un mois à trois ans d'emprisonnement.

Ce n'est pas la première fois que cette définition est remise en question ; en 2021 et 2023, des institutions juives et des groupes de défense des droits humains avaient déjà appelé Santiago Munoz Machado, secrétaire général de la RAE, à la supprimer, mais leurs demandes étaient restées sans réponse.

Il est important de rappeler que l'Argentine abrite la plus grande communauté juive d'Amérique latine, communauté qui a souffert de violences extrêmes au cours des dernières décennies, notamment les attentats tragiques de 1992 contre l'ambassade d'Israël, qui a tué 29 personnes, et celui de 1994 contre l'Association mutuelle israélite argentine (Amia), causant la mort de 85 individus.

Cette situation soulève des questions cruciales sur la responsabilité des institutions culturelles dans la lutte contre l'antisémitisme et la nécessité de réexaminer les langages qui, même involontairement, peuvent véhiculer des stéréotypes nuisibles.