La Transition Syrienne : Le Serrage de Main Vers l'Occident et les Défis à Venir
2024-12-19
Auteur: Julie
Le drapeau tricolore flottera-t-il bientôt au-dessus de Damas de manière permanente ? Pour la première fois depuis une décennie, la France a envoyé une mission diplomatique en Syrie, le 17 décembre dernier, visant à établir un dialogue avec le gouvernement de transition. Disabled par la guerre, Damas attire à nouveau les diplomates occidentaux, y compris de hautes personnalités américaines, de l'ONU et d'Allemagne. Malgré des réticences face aux islamistes, de nombreux pays souhaitent engager des discussions avec les nouvelles autorités.
Abou Mohammed al-Joulani, le président de la coalition au pouvoir, fait des efforts visibles pour séduire les Occidentaux. L'ex-commandant du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) orchestre une transformation de son image en troquant treillis militaire pour costume cravate.
Il déclare que “la Syrie doit rester unie,” insistant sur la nécessité d’un contrat social entre l’État et les diverses communautés religieuses pour garantir la justice sociale. Cependant, les minorités kurdes, alaouites et chrétiennes expriment encore leur inquiétude sur l’arrivée des rebelles islamistes soutenus par la Turquie.
L'engagement de HTS à lutter contre l'État islamique est également un point d'attention. Ils ont formulé leur condamnation à l'égard de l'EI, notamment sur ses pratiques inhumaines envers les Kurdes. Le message est clair : HTS cherche à établir des relations diplomatiques en montrant leur volonté de ne pas laisser l'EI renaître sur le sol syrien.
Les autorités nouvellement établies s’efforcent de légitimer leur pouvoir, avec des discours sur une possible transition démocratique. Le premier ministre, Mohammed al-Bachir, a affirmé qu'il se retirerait fin mars 2025, tandis que Riad Assaad, un leader rebelle, prône la justice transitionnelle pour éviter les représailles.
Cela n’a pas manqué d'attirer l’attention des observateurs. Le gouvernement de transition cherche désespérément à lever les sanctions internationales qui pèsent sur la Syrie, héritée du régime de Bachar al-Assad. Ces pressions ont entravé toute aide humanitaire, et même les médicaments et équipements hospitaliers peinent à entrer dans le pays par crainte des représailles américaines.
Cependant, la méfiance reste palpable. La communauté internationale s'interroge sur la sincérité des annonces d’Ahmed al-Charaa et de son équipe. Le chef des affaires humanitaires de l'ONU a évoqué un "moment d'espoir prudent," mais les experts doutent de la capacité d’HTS à imposer un ordre stable dans un pays encore fragmenté et ravagé par la guerre.
Le respect des droits des femmes et les tensions avec des groupes armés sunnites non affiliés à HTS posent également des défis importants. Depuis la chute d'Assad, des violences contre des membres de minorités se sont intensifiées, provoquant une inquiétude croissante. Le fragile statu quo dans le nord du pays entre les forces kurdes et les groupes islamistes accroît les défis auxquels le gouvernement de transition fait face.
Récemment, une vidéo d'une actrice syrienne a mis en lumière des abus, soulignant que des membres d'HTS imposent encore des restrictions aux femmes, comme l’obligation d’être accompagnées pour circuler librement. La volonté de transformation vers une société plus juste semble donc être entachée de réelles inquiétudes.
Les autorités de transition devront prouver leur capacité à maintenir l'ordre et à protéger les droits de tous pour gagner la confiance de la communauté internationale et des citoyens syriens.