Nation

La stratégie du RN pour contrôler le gouvernement Barnier et promouvoir son agenda

2024-09-22

Le Rassemblement national (RN) a rapidement exprimé son mécontentement à l'égard du gouvernement Barnier, même avant son installation officielle. Le 19 septembre, Sébastien Chenu, président délégué du groupe à l'Assemblée nationale, a tweeté : « Vous reprendrez bien un peu de ce plat avarié ? » en référence à la composition du gouvernement, qui mêle Les Républicains (LR) et des membres de l'ancienne majorité macroniste.

Jordan Bardella a enchaîné quelques jours plus tard, qualifiant ce gouvernement de "sans avenir". Avec 126 députés à l'Assemblée, Marine Le Pen pourrait facilement rejeter ce nouveau menu qu'elle trouve peu appétissant, en s'associant à la gauche pour censurer le gouvernement au moment de la déclaration de politique générale qui aura lieu le 1er octobre. Cela représente une opportunité pour la candidate malheureuse à la présidentielle, qui vise à faire pression sur un gouvernement dont la survie dépend des concessions faites à l'extrême droite.

Depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon, le 5 septembre, le RN a choisi de garder une certaine ambiguïté sur ses "lignes rouges". L'ancien commissaire européen devra naviguer prudemment entre les exigences du RN, notamment l'absence de hausse d'impôt et des mesures sur la lutte contre l'immigration et l'insécurité. Les analystes politiques s'accordent à dire que Barnier doit deviner les attentes de l'ex-Front national pour éviter une censure.

D'importantes batailles idéologiques se préparent, car plusieurs responsables du parti parient que Barnier ne survivra pas au vote du budget 2025, où ils envisagent de recourir à l'article 49.3 puis à la censure, dans une assemblée devenue un terrain de jeu pour la tripolarisation politique qui émerge des récentes élections.

Les demandes du RN ne manquent pas. Baisse de la TVA sur l'énergie, réforme de l'aide médicale d'État, augmentation des budgets pour l'expulsion des étrangers en situation irrégulière, et suppression des autorités indépendantes sont quelques-unes des exigences qui pourraient déterminer leur tolérance envers le gouvernement. Le RN distille prudemment ses conditions sans offrir de garanties en retour.

Marine Le Pen est bien consciente du pouvoir qu'elle détient. Tant qu'elle jugera utile de soutenir le gouvernement pour légitimer son programme et renforcer son influence sur la scène politique, elle continuera à jouer son rôle. Matthias Renault, député (RN) de la Somme, résume la situation en indiquant que « plus Michel Barnier fera des concessions, plus nous le laisserons durer ». Le RN compte ainsi capitaliser sur chaque déclaration, espérant forcer le gouvernement à légitimer leur discours.

Pendant ce temps, les tensions au sein de l'opposition et du gouvernement risquent de croître alors que chacun espère prendre le dessus dans cette lutte politique où le RN semble vouloir diriger le débat.